Concert de soutien au Testet avec La Compagnie Kta !

Samedi 25 octobre avait lieu à 10 km de Gaillac, dans le Tarn, un grand rassemblement pour dire non à la disparition de la zone humide du Testet. Déjà sérieusement amputée de ses arbres, le Conseil Général du Tarn souhaite construire sur cette zone un barrage afin d’irriguer les champs d’une vingtaine d’agriculteurs productivistes. Pour soutenir la ZAD du Testet le collectif Mérindol des Landes organisait un concert le même jour avec au programme, entre autres, La Compagnie Kta. Nous avons rencontré les membres du groupe à la fin de leur prestation pour leur poser quelques questions sur leur soutien aux opposants au barrage et sur leurs chansons. Quelques heures plus tard, au Testet, Rémi Fraisse mourrait assassiné par la police.

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Spasme ! : Bonjour, pour commencer pouvez-vous vous présenter ?

Fred : On est la Cie Kta, on existe depuis 10 ans, avec Anne qui est conteuse et moi qui suis musicien. On a commencé par du conte musical traditionnel, après on a raconté nos histoires et progressivement ça s’est orienté vers ce qu’on peut trouver dans Drôle de France [leur spectacle actuel, ndlr] avec des histoires de destins singuliers, de héros du quotidien, ordinaires et banals, qui ont décidé de refuser le système qu’ils subissaient, l’inhumanité et l’injustice.
Ensuite on a rencontré Cyril donc on a agrandi le groupe. La Cie Kta embauche ! Nous sommes des entrepreneurs du service public et de la culture pour tous ! (rires) Nous nous sommes peu à peu orientés vers un son plus rock, plus punk, parce qu’on est quand même profondément anarchistes malgré les apparences.
Le répertoire s’est monté au fur et à mesure, au  départ on avait quelques histoires qui étaient alimentées par le public qui nous donnait des pistes. Comme Gaspard De Besse c’est l’exemple qui est dans l’album…

S : Qui est Gaspard De Besse ?

Anne : Gaspard de Besse c’est le Robin des bois du Var. Il était à Besse-sur-Issoles, dans les gorges d’Ollioules, et il ne tombait que sur les usuriers, les collecteurs d’impôts. Il récupérait les sous, en gardait une petite part pour la bande parce qu’ils étaient quarante et qu’il fallait bien qu’ils bouffent et le reste il le rendait à la population. Gaspard de Besse était super populaire et les gens les cachaient. Ils ne disait rien et le protégeaient du mieux qu’ils pouvaient. Il s’est fait exécuté à Aix-en-Provence en 1781.

S : Avant de revenir à ce que vous faites, pouvez-vous déjà nous dire un peu pourquoi vous êtes ici ce soir ?

A : En France nous avons des zones humides qui sont des réservoirs d’eau, elles abritent des espèces endémiques et au nom de la productivité et des grands projets inutiles on veut éradiquer toutes ces populations et mettre du béton là où il y a de la verdure. Dans ce cas précis, un barrage va être construit pour faire des hectares et des hectares de culture intensive de maïs pour donner à bouffer à des animaux qui sont dans des conditions pitoyables.
Il faut que nous réalisions qu’au rythme actuel, tout les sept ans il y a l’équivalent d’un département qui est mis sous le béton et que nous n’avons plus d’autonomie alimentaire. Cela doit changer, le seul moyen de récupérer notre pouvoir c’est d’avoir une autonomie alimentaire et énergétique. Du coup, nous essayons de monter des systèmes parallèles qui permettent aux êtres humains de vivre dignement. Par ailleurs, si le gouvernement utilise son pouvoir pour aider des entreprises qui détruisent notre nature et nos moyens de vivre c’est notre devoir de citoyens et de citoyennes de s’élever contre parce que la République c’est un long combat, c’est un rêve qui a été émis en 1789 avec une Charte des Droits Humains… (Plus exactement des Droit de l’Homme en 1789 parce que la femme évidemment ne semble pas rentrer tout de suite dans l’humanité…)
À l’école laïque républicaine, on nous a fait croire que tout ça est acquis, que la démocratie est acquise, que la liberté, l’égalité et la fraternité c’est le combat du gouvernement chaque jour et puis nous nous rendons compte que ça n’est pas la réalité. Le barrage du Testet, c’est comme Notre-Dame-Des-Landes, ce sont des exemples de non-concertation avec la population, donc c’est important d’en parler et de parler de tous les autres moments de l’histoire où les humains se sont dit : « Non on va pas se faire avoir, on va pas se faire marcher dessus, on va s’organiser, on va lutter, on va être solidaires ». La force du peuple est mille fois plus forte que celle du gouvernement qui mine de rien est tout petit.
Nous avions regardé sur Internet les forums de gendarmes au moment où à NDDL c’était vraiment très très hard et ils disaient que s’il y avait des ZAD partout ils ne pourraient rien faire.
Durant le concert de ce soir nous n’avons pas fait 1851, mais en 1851 il y a eu une grosse révolte dans les Basses-Alpes au moment où Louis Napoléon Bonaparte a fait son coup d’État pour devenir Empereur. Le peuple a réussi à prendre les deux sous-préfectures et la préfecture sans verser une goutte de sang parce qu’avant il s’était organisé. Au lieu d’aller chez eux en rentrant du boulot, les gens allaient dans ce qui s’appelait des chambrettes. C’étaient des réunions où ils mangeaient, ils buvaient et ils parlaient politique. Et toutes ces chambrettes étaient fédérées. Quand la nouvelle du coup d’État est arrivée ça a fait le tour de toutes les chambrettes et la population a levé 10 000 hommes en trois jours ! Nous avons avec cet exemple la preuve que quand tout un département se soulève d’un coup, l’armée ne peut rien faire. Cette dernière est allée se planquer mais les révoltés n’étaient pas assez nombreux. Le problème c’est qu’en 1848 il y avait eu une grosse révolution qui avait était réprimée dans le sang donc cette fois-ci il y a plein d’endroits où les gens ne se sont pas battus contre l’Empire. Si tout le monde s’était soulevé en même temps nous aurions peut-être pu retenter une République du peuple, pour le peuple, par le peuple, mais là ils se sont fait écraser. Mais quand même, nous savons que c’est important de s’organiser et de se fédérer. Le peuple uni jamais ne sera vaincu, et ça nous en sommes persuadés.
Aujourd’hui nous déléguons tous nos pouvoirs, à l’État, aux politiciens, aux professeurs, et peut être que par l’imagination nous pouvons récupérer notre pouvoir.

S : Alors justement tu parles de citoyens, citoyennes, de République, mais tous les problèmes que tu viens d’évoquer ne sont-il pas intrinsèques à l’idée de République ?

Anne : Non, je défends le rêve des premières personnes qui ont imaginé la République et ce rêve c’était liberté, égalité, fraternité. Cependant, 51 % des gens étaient exclus de ce rêve là puisque les femmes n’en faisaient pas partie*. Je me suis vraiment pris la tête sur le droit de vote et sur le fait d’aller voter. À chaque fois que je n’avais pas envie d’aller voter j’ai pensé à ma grand-mère qui a tout fait pour qu’on puisse voter. Mais là on arrive à une limite, donc peut-être qu’en 45 on pouvait avoir de l’espoir après la guerre – tout avait été détruit du coup il fallait tout reconstruire – mais aujourd’hui on le voit bien, chaque fois on nous présente des gens pour qui voter mais que nous n’avons pas choisis. Et quand un petit parti se présente il n’a pas les moyens d’être aussi visible que les gros.

S : Dans ce numéro on met un texte d’Élisée Reclus qui disait « voter c’est abdiquer ». Donc déjà bien avant l’époque de ta grand-mère certains mettaient déjà en doute le principe d’élire des gens auxquels ont délègue le pouvoir. Qu’est-ce que tu en penses ?

A : Je ne sais pas. Si tu prends les pirates, ils élisaient leur capitaine. Mais ils avaient le contrôle sur leur capitaine. Si le capitaine ne faisait pas ce qui avait était décidé par l’équipage on le démettait de ses fonctions et on l’abandonnait sur une île déserte. Mais le principe des pirates c’est qu’ils discutaient tout jusqu’au consensus et quand ils étaient trop nombreux ils faisaient de petits groupes et ils avaient un représentant par groupe. Le truc c’est que si tu veux que tout le monde puisse avoir la parole et puisse s’exprimer il faut bien faire des petits groupes. Et c’est dans des petits groupes que tu peux exercer une vraie démocratie. Des anthropologues anarchistes ont montré que la démocratie n’est pas un concept exclusivement occidental. Il y a plein de tribus dans lesquelles la démocratie a vraiment existé, mais c’était des petit groupes ! Quand tu dépasses trente personnes la démocratie n’est plus possible.
La République telle qu’elle a été faite a détruit toutes les langues régionales, elle a essayé d’imposer une seule langue pour permettre l’administration et l’unification de tout le monde. En fait, cette unification elle a tué toutes les différences culturelles, elle a uniformisé. Et puis elle nous a inventé un rêve de France, mère patrie, qui s’occuperait toujours de nous et qu’on a toujours eu dans la tête. Finalement c’est pareil qu’à l’époque des rois, le truc paternaliste où on va s’occuper de vous parce que  nous ne serions sois-disant pas capable de nous occuper de nous-mêmes.
Il y a vraiment eu un espoir avec la République. En 1851, dans les discours d’André Ailhaud, la République doit être construite par tous. Et donc pour la construire il faut qu’e nous la prenions en main et que nous soyons responsables en tant que peuple et ne pas laisser les élites décider à notre place. Pendant la Commune de Paris les gens ont élus un gouvernement, quand ce gouvernement a voulu faire de sessions à huis clos, le peuple s’est remis devant en disant : « Y a pas moyen, nous on veut savoir ce qui se passe! » Et parfois savoir ce qui se passe nécessite de prendre le temps. Peut-être qu’aujourd’hui, vu que le plein emploi n’existe plus, il y aura de plus en plus de gens qui auront du temps et qu’avec ce temps-là nous pourrons nous investir à nouveau dans la vie de la cité. Nous pourrons prendre le temps de décider si là on fait plutôt un parking ou un parc. Parce que le consensus ça prend du temps. Si nous n’en avons pas on ne peut atteindre le consensus, donc on va au vote parce que ça va au plus vite. Mais le consensus c’est quand même le plus intéressant parce que quand quelqu’un n’est pas d’accord, le but n’est pas de le convaincre, mais de prendre le temps de comprendre pourquoi il n’est pas d’accord. Ensuite cela permet d’intégrer son objection et de faire une nouvelle proposition qui la prend en compte. Ça demande du temps mais c’est ce qui est le plus démocratique et ça les Indiens d’Amérique le pratiquaient, les pirates le pratiquaient, etc.

S : Je reviens sur votre projet musical. J’aimerais savoir ce qui vous a amenés à cette forme entre spectacle et concert et comment est venue cette idée de fresque historique en résonance avec le présent.

A. : La bataille de l’imaginaire. Moi, à l’école on ne m’a jamais parlé de la Commune. Je me suis retrouvée avec une prof qui adorait Napoléon. Quand j’ai appris l’existence de la Commune de Paris, je me suis dit qu’on aurait dû passer au moins deux mois sur ce sujet parce que c’est une vrai expérience de démocratie, d’autogestion…

Kryl : C’est pour ça qu’on ne nous en parle pas à l’école. Parce que c’est une vrai expérience de démocratie et d’autogestion. L’autogestion si tu en parles à l’école c’est fini, tu rentres plus dans le moule, tu vas plus aller voter pour les gens pour qui on te dis d’aller voter…

A. : Nous, nous nous disont qu’en racontant ces histoires  nous pouvons faire prendre conscience à tout le monde qu’on a un pouvoir, que le peuple a un pouvoir, qu’on est capable, qu’on est expert en tout ce qu’on veut en fait. Tu vois, moi j’ai rencontré une meuf qui me disait : « J’ose pas aller au conseil municipal parce que je me suis dis je suis pas assez intelligente pour ça ». Et puis elle est allé au conseil municipal, elle a vu comment ça se passait, elle est revenue et elle m’a dit : « Ok, si je peux. J’ai grave les moyens de le faire en fait !» Elle s’est présentée, et voilà. Nous en avons rencontré plein de gens dans des petits bleds qui commencent à récupérer les conseilles municipaux et a inventer de nouvelles façons de faire de la politique. On a rencontré des gens qui vivaient dans une espèce de lieu collectif où ils sont super nombreux et tout d’un coup ils ont tous pris leur carte d’électeur. La mairie, elle a flippé ! Ils se sont présentés avec une campagne délirante. Petit à petit on en prend conscience, on ne peut pas laisser les politiciens s’occuper de nous alors qu’ils servent les intérêts des grosses entreprises et des puissants.

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S. : Dans vos concerts il y a une part importante consacrée au féminisme. C’est quelque chose qui parfois dans l’histoire libertaire ne paraît pas primordiale alors que plusieurs acteurs de cette tendance politique ont pris des positions fermes en faveur du féminisme. J’aimerais savoir comment est venue votre volonté de l’intégrer à vos spectacles ?

A. : De mon expérience personnelle !  Quand je me suis aperçue que j’étais prise dans un carcan, que j’avais encore des idées et des façons de faire qui sont d’un vieil âge et qui viennent de notre servitude ancestrale. J’ai bossé aussi sur les esclaves aux États-Unis, en lisant Howard Zinn notamment, il y a tout un chapitre dans son Histoire Populaire des États-Unis où il met en parallèle l’histoire de esclaves et l’histoire des femmes, en disant que les esclaves et les femmes étaient dressés de la même manière. On te fait perdre la confiance en toi, on te dit que tu n’es pas capable de vivre toute seule, que tu dois être bien contente parce qu’on te nourrit et qu’on s’occupe de toi. Donc il faut que tu sois dans la gratitude, la gentillesse. Sauf qu’à un moment on a reconnu que les esclaves avaient été esclaves et que ce qu’ils avaient vécu c’était pas bien. Alors que les femmes non !
En plus, en France on a les féministes des années 70 qui disent : « On a tout gagné pour vous !» Certes ce qu’elles vivaient avant était horrible et depuis on a gagné des droits sur l’appropriation de notre corps, de nos idées… On est devenues majeures alors qu’avant on étaient mineures. Mais elles ont l’impression qu’elles ont tout gagné, alors que non ! J’ai eu des disputes avec des vielles féministes qui me disaient : « Mais c’est bon, pourquoi tu râles encore ! Tu es encore en train de pleurer sur ta condition, moi j’aurais rêvé d’être à ta place. À ton âge j’avais déjà trois gamins, j’étais d’un milieu rural…» Certaines on eu des vies difficiles, je reconnais… Pour ma part j’ai 36 ans, je suis célibataire, il n’y a personne qui m’emmerde, j’ai pas d’enfant. Je suis certainement plus libre qu’une femme d’il y a trente ou quarante ans, mais bon on est toujours pas payées au même salaire pour le même poste et quand tu regardes les chiffres c’est hallucinant. Si tu observes les chiffres de la culture il n’y a que 10 % de femmes qui sont programmées. Il y a des théâtres où il n’y a même pas une femme dans la direction. Il y a une association qui s’appelle les Femmes à Barbe qui va dans les conseils d’administration des entreprises pour mettre le doigt là-dessus. J’ai vu l’action qu’elles ont faite au théâtre de l’Odéon. Elle sont montées sur la scène avec leur barbe et elles ont dis :« On est ravies que vous défendiez la culture universelle !» Ensuite, elles ont pris les programmes et ont montré qu’en huit ans il y avait eu seulement une femme metteuse en scène et le texte d’une femme, tout le reste c’était des hommes blancs. De temps en temps il y avait un Haïtien ou un Sénégalais, pour montrer qu’on est pour la diversité, mais pas de femme. Après leur intervention les gens ils ont fait : « C’est vrai, on s’en était même pas rendu compte ».
Du coup moi je vois ma propre aliénation, ce que j’ai dû mettre en place justement grâce au travail des féministes pour me rendre compte de mes comportements de servitude. Et au bout d’un moment nous voulions en parler, je trouve que c’est un super exemple. Le peuple et les femmes même combat ! En montrant l’histoire des femmes, en mettant le doigt dessus déjà nous pouvons faire prendre conscience que les femmes son entrées dans l’Histoire. Je reprends ce discours de Sarko** parce que c’est le même truc. En fait les femmes sont entrées dans l’histoire, mais on les en a éradiquées !
Il faut que les femmes prennent conscience qu’elles ont toujours été là, qu’elles ont toujours fait quelque chose, qu’elles ont toujours été en mouvement et qu’elles ont toujours été les premières à monter au créneau. C’est les femmes qui élèvent les enfants, qui voient leur mari triste, leur frères qui ne va pas bien. C’est les femmes qui prennent ces choses-là en main. C’est elles qui sont allées chercher le roi en 1789. C’est les femmes de la Commune de Paris qui ont monté l’Union des Femmes et qui ont ouvert les églises, les ateliers. Mais à l’école nous n’apparaissons pas car nous n’avons jamais eu le pouvoir dans les mains, donc nous n’avons jamais écrit de lois, nous n’avons jamais fait de guerre et du coup nous n’existons pas. Avec la Compagnie Kta nous prenons l’Histoire d’un autre point de vue pour montrer que les femmes sont super présentes et que si elles reprenaient leur part de pouvoir comme elles l’avaient avant, elles pourraient rééquilibrer la société et la rendre plus humaine. Parce que c’est quand même les femmes qui sont dans la transmission, et là je suis désolée il y a peut-être des gens qui vont pas du tout aimer que je dise ça. Dans cette transmission on rêve d’un monde meilleur ! Donc les femmes elles peuvent énormément apporter à notre désir de vivre dignement, bien et simplement.

Kryl : Là t’as au moins 56 pages de fanzine…

S. : Pour terminer, il paraît que vous allez sortir un CD bientôt, pouvez-vous m’en dire plus ?

Fred : On espère au mois de janvier oui, on est en fin de mixage. Il y a neuf titres. Deux chansons n’y sont pas pour des raisons de droits d’auteur c’est À bicyclette et Douce France en version punk. Même si on a modifié un peu les paroles de base, on s’est dit on sait jamais…

K. : Et ça sort en vinyle et CD.

S. : C’est pas un peu passéiste le vinyle ?

A. : Mais non c’est l’avenir.

F. : Une industrie pas du tout polluante…

K. : Les vinyles on pourra les faire tourner à la main alors qu’un cd c’est chiant. ■

Propos recueillis par M.

*Les femmes représentent aujourd’hui 51% de la popultation française, en revanche nous n’avons pas les chiffres de l’époque, ce qui ne change pas grand chose dans le fond.

** Discours de Nicolas Sarkozy à Dakar le 26 juillet 2007 où il décrivait « le drame de l’Afrique » selon lui : « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire. […] Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. […] Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour l’idée de progrès ».