J’ai vu un concert de punk dans une ville FN

Lorsque j’ai vu que les Ramoneurs de Menhirs passaient pas trop loin de chez nous, je me suis dit que ça serait une bonne occasion d’aller les voir. J’étais tout de même perplexe concernant la ville où le concert avait lieu. Bollène, ville dirigée par Marie-Claude Bompard, de la Ligue du Sud, parti d’extrême droite regroupant des anciens du FN, ne semble pas forcément être la plus punky…

L’entrée dans Bollène vaut déjà des points à elle seule. Nous prenons le rond-point à la sortie de l’A9 et passons l’avenue Salvador Allende pour prendre l’avenue Jean Moulin, celle sur laquelle se trouve la salle Georges Brassens où a lieu le concert. On roule quelques centaines de mètres pour constater que la salle est sur notre gauche, on tourne donc au rond-point Lucie Aubrac et on se gare sur le bord de la rue Jules Ferry. Si une ou un bollènologue venait à nous lire, j’aimerais avoir une petite explication à propos des noms des rues et de cette salle dans cette ville faf. (On me dit dans mon oreillette qu’il s’agit de vestiges de l’époque coco de Bollène.)
Rappelons qu’à la commémoration de l’appel du 18 juin en 2012 la maire Bompard avait fait interdire le Chant des Partisans. On peut s’en foutre des commémorations diverses, cet événement en disait quand même long…
Enfin bon on s’égare un peu là, place au concert !

21h30, le parking est plein. Avec ma dulcinée nous scrutons les abords de la salle à la recherche de Rnest et Dé2. Personne à l’horizon, donc je tente de les appeler vu qu’on devait se retrouver à ce concert, mais pas de réponse. Pour le coup nous passons par la case « bar » histoire de nous mettre en jambes. Le demi de base est à  2,50€, ça pique un peu pour un concert punk… Heureusement les deux gars de la sécurité à l’entrée sont plutôt coulants et ne regardent pas trop le contenu des sacs.
Nous arrivons durant le set de Panika qui remplace les Bouilleurs de Cru. Ne connaissant aucun des deux groupes je ne pourrais pas comparer. Ils peinent un peu à faire décoller l’ambiance et ont un peu l’air de se faire chier sur la fin. Ça ne me laissera pas un souvenir impérissable…
Petite pause dehors où il y a pas mal de monde. Loran, le guitariste des Ramoneurs sort de son camion qui est juste à côté de nous. J’en profite pour lui glisser un Spasme !.
On teste de rappeler les collègues, mais toujours rien… Ça commence à ressembler à un lapin.

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C’est l’heure de Fiction Romance que je ne connaissais pas. Ils envoient direct le bois.  J’ai pas eu l’impression qu’on risquait la méningite à trop réfléchir pendant leur chansons, ce qui pour moi n’est pas un reproche. On a vite fait de reprendre les chœurs présents dans bon nombre de leurs chansons. Notons la reprise de Jouer avec le feu des Shériff dont le refrain est un de mes préférés dans le punk français (J’aime jouer avec le feu / Mais j’aime pas me brûler!). De toute façon j’aime à peu près tous les morceaux des Shériff. Les côtés pas super revendicatifs, looser et un peu lâches me plaisent beaucoup.
La température dans la salle monte au sens propre comme au figuré et ça commence à sentir franchement la sueur. Nous décidons de ressortir un peu à l’air frais et c’est de dehors qu’on entend le set se terminer. Dernière tentative pour appeller des deux copains. Toujours rien, c’est officiel, ils ne sont pas venus. Je tente un SMS qui dit “Bandes de faux punks”, mais pas de réaction. Le lendemain, j’apprendrai qu’ils étaient “fatigués”…

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23h30 ou peut-être minuit, nous sommes de nouveau dans la salle et les Ramoneurs sont sur scène, prêts à commencer. Je dois bien l’avouer : j’ai beau aimer le délire trad/punk, à la longue à écouter à la maison, je trouve que leurs morceaux se ressemblent et le biniou me fatigue vite. Par contre, en live, l’énergie de cette fest-noz à crêtes ne se discute pas. Le pogo démarre direct devant la scène et ne s’arrêtera pas du concert.
Accompagnant la bombarde et le biniou on retrouve bien les sons de gratte et la boîte à rythme qui ont fait le succès des Bérus en leur temps.
On relèvera deux chansons sur Notre-Dame-des-Landes que le groupe ne peut que défendre vu leur proximité géographique et politique avec le mouvement de résistance qui s’est développé face à l’ « Ayraultport ».
La reprise de If The Kids Are United des Sham 69 a fait son petit effet, tout comme le classique Bella Ciao. Aux deux tiers du concert Loran annonce une demi-heure de reprise des Bérus, ce que visiblement beaucoup attendaient. Les Ramoneurs ont donc envoyé les « tubes » : Vive le Feu, Hélène et le Sang, Ibrahim, Protesta, Petit Agité, et j’en passe. On pouvait pourtant ressentir ce moment un peu comme un passage « forcé ». Plusieurs fois dans le concert on aura remarqué l’agacement de la part de Loran face à la demande d’une partie du public qui vient parce qu’il veut voir les Bérurier Noir plus que les Ramoneurs de Mehnirs. Il sortira d’ailleurs à un mec : « Les Bérus c’est comme le LSD, c’est pas bon quand on reste bloqué ! ». Plus tard, après qu’on ait entendu dans le public le célèbre refrain : « La Jeunesse emmerde le Front National ! », il rétorque : « Depuis le temps, si la jeunesse l’emmerdait vraiment le Front National, on n’en serait pas là ».
Bref, on sent qu’il souhaiterait simplement que les gens arrêtent de le ramener à ce qu’il a fait dans les années 80 et considèrent un peu plus ce qui se fait aujourd’hui avec les Ramoneurs. Malheureusement pour lui c’est ça la célébrité.

À la fin le groupe repart sur ses compos. La fatigue commence à se faire sentir et nous décidons de décoller vers 2 heures du mat’ (ils auront joué plus de deux heures). Alors oui je me suis foutu de la gueule des mes collègues qui ne sont pas venus parce qu’ils étaient fatigués, mais là c’est différent donc allez vous faire foutre.

En conclusion, on pourra retenir que l’ambiance était bonne et que les Ramoneurs de Menhirs gagnent clairement à être vus en concert. Le mélange qu’ils ont réussi à concocter entre musique traditionnelle bretonne et musique punk fonctionne bien, malgré un côté parfois un peu répétitif.
Ça m’a agréablement rappelé les années où on vivait au Pays Basque avec Acido-basique. Ce soir-là à Bollène-la-Brune on a retrouvé un peu de l’énergie que savent si bien dégager les groupes venant de ce genre de coin de la France et c’est toujours ça de pris !■

M.