Marche pour le climat : l’exception avignonnaise

Pas de doute, s’il y a bien un domaine où Avignon brille par son exception, c’est l’écologie ! Lancées à Paris le 8 septembre dernier par un journaliste, Maxime Lelong, en réaction à la démission de Nicolas Hulot, des marches pour le climat se sont organisées un peu partout en France pour appeler à agir contre le changement climatique. Fortement relayées sur les réseaux sociaux, ces initiatives ont été ralliées par des associations environnementales et les indécrottables vautours des partis politiques, à l’affût de toute occasion pour faire parler d’eux… Dans une actu plutôt teintée de jaune fluo, on a pu assister à des interactions entre militants écolo et Gilets jaunes à Paris ou ailleurs, les organisateurs des marches ne cédant pas aux demandes de report formulées par le ministre de l’Intérieur. À Avignon, la situation était radicalement différente, puisque la première marche pour le climat était chapeautée par l’élu EELV Jean-Pierre Cervantès et son groupe ; autant dire que tout cela partait déjà d’un mauvais pied… Après une première marche, le 8 septembre, puis une deuxième, le 13 octobre, réunissant près de 2 000 personnes, la décision fut prise par Cervantès d’annuler la marche de décembre, puis de se démarquer de la dynamique nationale en organisant celle de janvier un dimanche, plutôt qu’un samedi, pour « éviter tout risque de débordement avec les manifestations explosives des Gilets jaunes ». Ce choix, pris après une consultation sur Facebook, était ainsi justifié par les organisateurs dans les médias : pour ne pas « heurter le public très familial, avec aussi des personnes âgées, et un cortège animé par un groupe de musique très festive, bien loin des scènes de guérilla urbaine… » Et rebelote en mars… ! Reprenant la vision policière du gouvernement à l’encontre d’une mobilisation des Gilets jaunes pourtant largement pacifiée sous les coups de la répression, Cervantès annonce le 7 mars sur Facebook que « suite au sondage effectué […] et suite aux informations communiquées aussi bien par la préfecture que la Mairie, du fort risque de mobilisation des Gilets jaunes le samedi 16 mars avec de possibles violences dues à des éléments incontrôlés, afin de garantir une marche dans des conditions apaisées, il a été décidé de reporter la marche au dimanche 17 mars ». Mais ça ne chauffe pas que pour le climat… Les tensions montent au sein du comité d’organisation de la marche avignonnaise, à tel point que, ses membres se révélant incapables de s’accorder quelques jours avant le week-end de mobilisation, deux marches sont finalement prévues : une le 16 mars pour se rallier à « la marche du siècle » et aux Gilets jaunes, et une le 17 mars maintenue par Cervantès et son groupe… sans compter la marche des jeunes pour le climat, le 15 mars ! À l’issue des trois jours de mobilisation, Cervantès, fier comme un coq, se gargarise du succès de l’opération depuis l’esplanade du palais des Papes : « Sur les trois jours sur Avignon c’est un printemps climatique, peut-être une nouvelle ère qui approche ! » La température peut continuer de monter (et les glands de marcher), nul doute que l’ère de la connerie a encore de beaux jours devant elle.

KGB