Cette chronologie vient compléter l’article « Révolte en Guyane : La possibilité d’une île ? » du Spasme n°13 (été 2017).
Mercredi 15 février
Première apparition du collectif des « 500 Frères contre la délinquance » à Cayenne. 80 hommes cagoulés partent du quartier d’Eau Lisette (où un habitant a été tué le samedi précédent) en direction de la préfecture. Une délégation (à visage découvert) est reçue.
Vendredi 17 février
Les 500 Frères et le collectif Tròp Violans font visiter au directeur de cabinet du préfet le quartier d’Eau Lisette et les squats de migrants « où l’on sait que les bandits se réfugient ».
Mercredi 22 février
Première manifestation à l’appel des 500 Frères : plusieurs centaines de personnes défilent dans Cayenne. Une délégation est reçue par le président de l’assemblée de Guyane puis par la Chambre de commerce.
Vendredi 3 mars
Les collectifs des 500 Frères, Tròp Violans et les Iguanes de l’Ouest rencontrent le préfet et le commandant de la gendarmerie de Guyane pour parler de la délinquance.
Vendredi 10 mars
Préavis de grève déposé par l’UTG-CGT de l’Éclairage pour le lundi 20 mars.
Jeudi 16 mars
Arrivée de Ségolène Royal.
Vendredi 17 mars
Les 500 Frères et Tròp Violans se joignent au mouvement des socioprofessionnels. Ils sont présents devant la Chambre de Commerce et d’Industrie, mais aussi devant les consulats du Surinam, du Guyana et d’Haïti à Cayenne (pour demander l’extradition des délinquants étrangers).
Le groupe portant cagoule pénètre de force dans la salle de délibérations de la Collectivité territoriale de Guyane, à Cayenne où Mme Royal préside la conférence internationale de la Convention de Carthagène pour la protection du milieu marin de la région des Caraïbes. Ils lui demandent d’agir pour « arrêter la violence ».
La Ministre repart en métropole le soir même, écourtant son séjour de 24 h.
Lundi 20 mars
Dans le cadre d’un appel national des syndicats du groupe Endel (filiale d’Engie), grève des salariés de la société Endel sur le centre spatial ; ils réclament la réouverture des négociations annuelles obligatoires (NAO), la revalorisation des salaires de base de 30 euros et une revalorisation des primes de départ à la retraite.
Le rond-point donnant accès du site est bloqué par le collectif des Toukans et les grévistes d’EDF.
Des agriculteurs bloquent la Direction de l’alimentation de l’agriculture et de la forêt ; ils demandent le paiement immédiat de l’ensemble des mesures du programme de développement rural de Guyane, la suppression du besoin de l’assurance maladie des exploitants agricoles pour l’obtention de la dotation jeune agriculteur, le rétablissement de la cession de créance, et le versement des aides en retard… ).
L’Union guyanaise des transports routiers (UGTR) bloque le port de Dégrad des Cannes. Elle dénonce l’arrivée sur le port de trois camions toupies destinés à travailler sur le chantier d’Ariane-6. Selon Dominique Mangal, président de l’UGTR, un deal avait été conclu avec le centre spatial au moment de l’octroi du marché à Eiffage, le groupe européen de la construction et de la concession. « Le fait d’avoir octroyé la seconde phase du chantier d’Ariane-6 à Eiffage, nous les transporteurs locaux, ça nous a mis au chômage, explique-t-il. On a accepté la concurrence mais on a demandé au centre spatial de ne pas faire venir de camion qui ont la même capacité que les nôtres. » Cet accord ne serait pas respecté.
À Cayenne, les syndicats de la régie de transport de bus, FO et la CFDT, déposent un préavis pour mardi 21 (suite à un incident survenu la semaine précédente entre des salariés et le directeur de la régie).
Au CMCK, l’UTG a déposé un préavis de grève à partir de dimanche.
Le conseil municipal de Kourou apporte son soutien aux manifestants.
Mardi 21 mars
Annulation du tir d’Ariane 5.
Les 500 Frères arrivent à Kourou pour prêter main-forte au barrage devant le centre spatial. Accompagnés d’élus, ils tentent de pénétrer dans l’enceinte de la base spatiale pour obtenir un entretien avec le directeur mais sont repoussés par les Gardes mobiles qui font usage de gaz lacrymogènes.
Début de la grève des agents de la RTC (Régie Communautaire Transport) (UGT, CFDT-CDTG et FO) de communauté d’agglomération du Centre littoral (CACL) ; aucun bus ne circule.
Le syndicat UTG de la Caf dépose un cahier de revendications et un préavis de grève pour le lundi 27.
Mercredi 22 mars
Conseil d’administration extraordinaire de l’UTG (Union des travailleurs guyanais) : un soutien au mouvement est décidé, ainsi qu’une « journée de mobilisation » le vendredi 24 mars.
L’UTG de l’enseignement décide de la grève à compter du lundi 27 mars.
Dans la soirée, un accord satisfaisant les revendications des grévistes a été trouvé entre les syndicats et la direction d’Endel-Engie (mais par solidarité avec le mouvement et notamment les grévistes d’EDF, le travail ne reprendra pas).
Dans la nuit, la coordination de Kourou rejointe par les 500 Frères et les socioprofessionnels décident de bloquer le pays.
Jeudi 23 mars
Une quinzaine de barrages routiers sont dressés (notamment devant la préfecture et sur la route menant à l’aéroport). Sur injonction des 500 Frères, tous les commerces de Cayenne ainsi que la mairie ont fermé leurs portes.
Le rectorat annonce la fermeture des établissements scolaires « jusqu’à nouvel ordre », les « bonnes conditions d’accueil des élèves et des personnels n’étant pas assurées ». Le Rectorat et l’Université seront aussi fermés.
À Saint-Laurent-du-Maroni, un barrage sauvage est mis en place par « des jeunes » ; la situation y est tendue et l’on parle de racket des automobilistes. Le maire et des militants des Iguanes de l’Ouest interviennent pour le faire lever.
Une dizaine de barrages « sauvages » ou « spontanés » sont constitué dans certains quartiers de Cayenne et de Kourou ; des affrontements ont lieu entre gardes mobiles et jeunes qui jettent des pierres et incendient des poubelles et des pneus ; dans la nuit des automobilistes sont attaqués et dépouillés.
Premières annulations de vols longs courriers entre Paris et la Guyane.
Première réunion du collectif Pou Lagwiyann dékolé rassemblant 19 collectifs, centrales syndicales et organisations professionnelles (le 28 mars le nombre sera porté à 39).
Vendredi 24 mars
Les agriculteurs aspergent de lisier de porc la préfecture.
Manifestation de l’ensemble des élus guyanais derrière le drapeau guyanais du centre-ville de Kourou jusqu’au barrage du Centre spatial.
Les rayons des centres commerciaux se vident et stations services sont « prises d’assaut ».
Le préfet dénonce l’existence la dizaine de barrages « sauvages » de la veille, source de « rackets ». Il ordonne aux forces de l’ordre de les « éradiquer » s’ils sont à nouveau érigés ; « seuls les barrages dressés par les collectifs seront maintenus ».
Samedi 25 mars
Le Conseil national de l’UTG réunissant 37 syndicats votent à la quasi-unanimité la « grève générale illimitée » pour lundi.
Les travailleurs du GPAR (groupement pétrolier) de l’aéroport entrent en grève. Ils demandent le rétablissement du dialogue social, l’établissement d’un pôle technique et la formation d’un technicien pour assurer la maintenance du dépôt ainsi que le renforcement de l’effectif avec l’embauche de deux agents travaillant actuellement en interim.
Arrivée d’un délégation interministérielle composée de hauts fonctionnaires ; le collectif Pou Lagwiyann dékolé refuse de la rencontrer.
Dimanche 26 mars
Une levée transitoire des barrages est décidée pour permettre aux Guyanais de se ravitailler.
L’UGTR décide de débloquer deux citernes de kérosène afin de permettre le transport sanitaire par avion entre l’hôpital et l’aéroport.
Lundi 27 mars
Réouverture de la quasi-totalité des stations-service (elles ont pu être ravitaillées hier car les collectif ont laissé passer les camions citerne).
Début de la « grève générale illimitée ».
Manifestation de lycéens à Saint-Laurent du Maroni.
À la chapelle de Soula, une messe est organisée en l’honneur des 500 Frères.
Mardi 28 mars
Manifestation d’une ampleur historique en Guyane (8 000 à 20 000 personnes à Cayenne, 3 500 et 5 000 à Saint-Laurent-du-Maroni).
Journée « ville morte » à A Cayenne, le collectif des 500 Frères a incité « fermement » les commerçants, la mairie et les banques à fermer leurs portes.
Le Premier ministre Bernard Cazeneuve annonce l’envoi des ministres des Outre-mer et de l’Intérieur en Guyane.
Mercredi 29 mars
Le ministres des Outre-mer Ericka Bareigts et le ministre de l’Intérieur Mathias Fekl arrivent en Guyane.
Jeudi 30 mars
Début des négociations à la préfecture entre les ministres et le collectif Pou Lagwiyann dékolé ; l’ambiance est lourde et la foule massée devant le bâtiment. La ministre des Outre-mer adresse depuis le balcon ses « excuses » au « peuple guyanais ».
Vendredi 31 mars
À l’issue d’une rencontre entre Pou Lagwiyann dékolé et les élus, il a été décidé que les élus ne signeraient aucun document avec l’État tant que le collectif ne l’a pas signé. Le collectif annonce que tout accord avec le gouvernement devra obtenir une approbation populaire avant signature.
La gendarmerie et Parquet constatent une nette baisse des braquages et vols avec violence depuis une dizaine de jours.
Samedi 1er avril
Une manifestation d’agriculteurs se dirigeant vers la préfecture est bloquée par la police. Les 500 Frères interviennent et se portent « garants » qu’il n’y aura « pas de débordements » ; la manifestation peut s’approcher de la préfecture.
Les ministres annoncent un plan d’urgence de 1,085 milliard d’euros d’engagements de l’État et des accords sectoriels.
Des négociations par ateliers thématiques entre le collectif Pou Lagwiyann dékolé et la délégation ministérielle débutent.
Un militant du syndicat UTG-énergie appelle à des discussions sur un nouveau statut pour la Guyane.
Le centre spatial demande à Eiffage qu’il renvoie les camions-toupies (bloqués depuis le 20 mars) dans l’Hexagone.
Dimanche 2 avril
Le collectif Pou Lagwiyann dékolé refuse la proposition d’un milliard d’euros du gouvernement français et exige 2,5 milliards d’euros supplémentaires.
L’UGTR affirme avoir levé le barrage devant le port dans la soirée mais les dockers sont toujours en grève.
Lundi 3 avril
Journée « ville morte » ; les 500 Frères font fermer toutes les boutiques de Cayenne.
Beaucoup de stations-service sont fermées faute de carburant.
En partenariat avec les Jeunes agriculteurs, plusieurs « marchés solidaires » sont organisés pour aider la population (l’opération sera renouvelée plusieurs fois par semaine et dans différentes communes jusqu’à la fin du mouvement).
Mardi 4 avril
Journée « ville morte ». Manifestation de 7 000 à 10 000 personnes encadrée par les 500 Frères en direction du centre spatial de Kourou. Une délégation est reçue mais elle refuse de repartir et occupe symboliquement les lieux. Tous les barrages sont ouverts pour permettre à la population de se rendre à la manifestation de Kourou.
Mercredi 5 avril
Le conseil des ministres valide le plan d’urgence, les manifestants quittent le centre spatial.
Jeudi 6 avril
Grève des pompiers de l’aéroport empêche tout transport aérien ; la grève cesse après un accord.
Dans le centre de Cayenne, la plupart des magasins rouvrent leurs portes
Les agriculteurs lèvent leur blocage de la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et des forêts après avoir obtenu satisfaction de leurs revendication le week-end dernier.
Le Medef Guyane dit ne pas se désolidariser du mouvement mais invite les entreprises « à reprendre immédiatement le travail ». Il ne demande pas la levée des barrages mais un aménagement pour permettre aux salariés de travailler. Mais n’adhère plus « à la nouvelle orientation que prend le mouvement, qui brouille le sens initial de l’action » (allusion au sit-in au centre spatial, dans la nuit de mardi à mercredi). Il évoque « une nouvelle phase de dialogue afin de définir un vrai plan de développement pour la décennie à venir » et il se dit prêt à « engager cette phase de discussion avec le gouvernement ».
Stéphane Lambert, patron du MEDEF Guyane a parlé au nom du pôle Économie du collectif Pou Lagwiyann dékolé. Évoquant des « avancées significatives » sur certains points tels que les cotisations sociales étalées ainsi que le RSI et un prêt d’honneur de 25 000 euros, il a déploré l’absence de réponses sur d’autres points pourtant signés dimanche avec la délégation ministérielle comme le pacte fiscal et social, concluant que ce qui est acté (4 à 5 millions d’euros) c’est « peanuts » alors que le reste (200 millions/an) est renvoyé à plus tard : « on a beaucoup d’espoirs mais peu de choses ».
Plusieurs voix s’élèvent parmi les élus pour appeler à la fin des barrages (notamment le maire de Cayenne).
Vendredi 7 avril
Réunion de la fédération des TPE à la CCI à destination des chefs d’entreprise impactés par le mouvement ; plus de 400 personnes présentes. Alors que certains ont mis leurs salariés en congés (avec leur accord), la CCI conseille de recourir au chômage partiel (plus de 450 dossiers de demande sont traités en quatre jours).
Manifestation devant la préfecture où le collectif Pou Lagwiyann dékolé a demandé audience. Devant le refus du préfet, les orateurs dénoncent la situation et placent la suite des événements sous la protection divine. Agenouillés, tous entonnement un chant religieux… Un petit groupe (principalement des membres des 500 Frères) tente de forcer la porte de la préfecture, bousculade, quelques jets de pierres et de grenades lacrymogène : deux commissaires sont blessés.
L’État s’engage à un gel des cotisations patronales jusqu’au mois de septembre.
Samedi 8 avril
Les barrages sont ouverts ce week-end.
Les chefs des 500 Frères apportent des fleurs au policier blessé qui est à l’hôpital.
Lundi 10 avril
Des barrages supplémentaires sont érigés ; ils sont désormais fermés la nuit (jusqu’ici ils étaient ouvert de 22 h à 4 h). L’idée envisagée durant le week-end de fermer totalament les barrages (y compris aux piétons, vélos et scooters !) a été abandonnée.
Hollande appelle à lever les barrages et se dit prêt à recevoir les parlementaires guyanais ; ces derniers refusent.
Mardi 11 avril
100 à 200 de personnes manifestent à Kourou contre les blocages ; à la gendarmerie ils déposent une main courante pour entrave à la circulation.
Mercredi 12 avril
Au port, un porte-conteneur accoste ; c’est le premier depuis début du mouvement. Quarante dockers sont réquisitionnés par le préfet pour débarquer dix containers de matériel médical et pharmaceutique.
À Cayenne, manif d’une centaine de personnes contre les barrages.
Jeudi 13 avril
Assemblée générale du collectif Pou Lagwiyann dékolé. Le pôle Économie (patronat) demande « la levée les barrages routiers ».
Incertitudes sur plusieurs barrages que les transporteurs routiers ont quitté. Version officielle : « des nouveaux camions ont été amenés, le barrage a été réorganisé pour que les transporteurs qui avaient fourni leurs camions pour le barrage jusque là puissent de nouveau un peu travailler et soient remplacés par d’autres ».
Tout les barrages seront ouverts jusqu’à nouvel ordre (mais pas levés) sauf celui du centre spatial.
Mikael Mancée porte-parole du collectif explique que l’« on peut circuler, en cette période culturelle forte pour la Guyane » (le week-end pascal est un moment très suivi par la population guyanaise).
Le collectif Pou Lagwiyann dékolé refuse d’envoyer une délégation à Paris.
Manifestation de 300 lycéens et étudiants qui se termine par un concert devant le rectorat.
Début des vacances scolaires de Pâques (jusqu’au 2 mai)
L’hôpital de Cayenne annonce la fermeture d’un service de chirurgie en raison du manque d’effectifs lié au mouvement social.
Vendredi 14 avril
L’agence régionale de santé de Guyane (ARS) demande aux hôpitaux et cliniques du territoire de déclencher leur « plan blanc » en raison de la « situation de tension préoccupante » qu’ils connaissent (il s’agit de protocoles prévus à l’avance par les autorités de santé pour faire face à ces situations exceptionnelles ; ils prévoient la coordination entre les services d’urgence, un renforcement des moyens de communication et de coordination, mais aussi la réquisition des personnels médicaux et hospitaliers).
Tensions au sein du collectif, les transporteurs sont à deux doigts de retirer leurs camions des barrages de Cayenne.
Dans la nuit, tentative d’incendie du centre des finances publiques de Cayenne.
Samedi 15 avril
L’activité au port du Dégrad-des-Cannes reprend lentement durant le week-end. Un navire est arrivé au port et a pu décharger ses 80 conteneurs grâce au personnel du port qui avait passé les barrages.
Tensions au sein du collectif Pou La Gwiyann Dékolé entre le porte-parole Mikaël Mancé et le « coordinateur des barrages » Bertrand Moukin (également dirigeant de l’UGTR).
Dimanche 16 avril
Le « Comité de Pilotage » du collectif travaille sur un « projet d’Accord de Guyane à l’adresse du Président de la République »,
Lundi 17 avril (jour férié)
Après un week-end de réunion le collectif Pou La Gwiyann Dékolé annonce une réorganisation : c’est désormais un groupe stratégique qui dirige le collectif. Il est composé d’un référent pour chaque pôle) :
Porte parole : Mickaël Mancé, policier en disponibilité, porte parole du collectif des 500 Frères
Référents pôle sécurité : Olivier Goudet de l’asociation Tròp Violans et José Achille, fondateur du collectif des 500 Frères.
Référente pôle justice : Magali Robot-Cassildé, avocate et bâtonnier du barreau de la Guyane.
Référent pôle santé : Guy Frédéric, président du collectitf Santé et respect des droits pour tous.
Référent pôle éducation : Georges Pindard, professeur en sciences des vies et de la terre.
Référent pôle énergie : Davy Rimane, technicien d’exploitation hydraulique EDF, responsable de la section UTG éclairage.
Référent pôle économie : Gauthier Horth, membre de la Fédération des opérateurs miniers de la Guyane, conseiller territorial d’opposition.
Référente questions des peuples autochtones : Milka Sommer, coordonnatrice de l’Organisation des nations autochtone de Guyane.
Référente pôle foncier : Muriel Marbois, membre du Groupement des association foncières de Guyane.
Référente pôle culture : Hermina Duro, comédienne.
Référente pôle social : France-Aimée Suki, éducatrice spécialisée.
Six experts travaillent à leurs côtés :
Expert ouest guyanais : Manuel Jean-Baptiste, sapeur pompier et représentant du collectif des Iguanes de l’ouest.
Expert économie : Julien Ducas, éleveur et secrétaire général de la FDSEA Guyane.
Expert logistique : Dominique Mangal, président de l’UGTR.
Expert communes de l’intérieur : Anoussa Abienso, agent de développement durable au Parc amazonien de Guyane et porte parole du collectif Lawa.
Expert syndical : Jean-Marc Chemin, secrétaire général de l’UTG.
Expert juridique : Djemetree Guard, membre du collectif Citoyennes, citoyens.
Fermeture des barrages dans la soirée.
Mardi 18 avril
Les barrages sont remis en place, mais ils sont le plus souvent constitués de palettes et pneus car une bonne partie des transporteurs ne sont plus mobilisés et ont quitté les barrages avec leurs camions. Les affrontements verbaux sont de plus en plus nombreux entre bloqueurs et usagers. Des membres des 500 Frères sont désormais présents sur chaque barrage.
À Cayenne, réouverture de tous les services municipaux administratifs et techniques.
Communiqué du pôle économie contre le nouveau « projet d’Accord de Guyane » du collectif Pou Lagwiyann dékolé (peut-être parce que s’y trouve demandé l’évolution statutaire du territoire ?).
Mickael Mancée, le très populaire porte-parole du mouvement se retire des différents collectifs car il est en désaccord avec la stratégie des barrages.
Incendie volontaire du transformateur électrique qui alimente la base de loisir gérée par Denis Burlot (élu à la Mairie de Kourou et à la CTG, il avait initié la manifestation du 11 avril contre les barrages).
Mercredi 19 avril
À Kourou quatre barrages ont été réinstallés pour bloquer les entrées et les sorties de la ville. Le collectif des Toukans, les grévistes du CMCK et d’EDF érigent un nouveau barrage qui bloque l’accès à la zone industrielle (tension avec des automobilistes et des chefs d’entreprise).
Le Pôle économie se met « en retrait » du collectif Pou Lagwiyann dékolé.
Dans un communiqué, le collectif des Autochtones de Guyane critique le collectif Pou la Gwiyann Dekolé et le projet d’accord en négociation / il se retire du collectif et négociera désormais directement avec l’État.
Le ministre des Outre-mer expose le nouveau protocole d’accord proposé par le gouvernement au Collectif Pou Lagwiyann dékolé : il acte le « Plan d’urgence pour la Guyane » d’1 milliard d’euros et prévoit « la validation des 15 accords thématiques » signés dans la nuit du 1er au 2 avril. De plus, l’État s’engage à ce que les mesures supplémentaires de 2 milliards d’euros demandées par les élus et le Collectif « fassent l’objet d’un examen prioritaire ».
Séances de soutien scolaire pour les élèves au barrage du rectorat.
Jeudi 20 avril
Journée « ville morte » (en théorie).
Vendredi 21 avril
Un accord est signé par par le collectif Pou Lagwiyann dékolé, les parlementaires guyanais, les présidents de la collectivité territoriale de Guyane et de l’association des maires et par le préfet (représentant le Gouvernement). Il met fin au mouvement social.
Les barrages sont progressivement levés à partir de 12 h.
Réouverture du port de commerce de Rémire-Montjoly, près de Cayenne.
Samedi 22 avril
La circulation des bus reprend normalement
Reprise d’une activité normale au centre spatial.
Dimanche 23 avril
Jets de quatre cocktails Molotov contre le domicile du directeur d’EDF Guyane.
Perturbations à l’aéroport de Cayenne (avions détournés) car, en raison des blocages, il n’y a pas assez de personnel de lutte anti-incendie pour assurer la sécurité.
Lundi 24 avril
À EDF il y a toujours entre 15 et 30 % de grévistes qui désormais occupent trois sites au lieu d’un ; ils demandent que soit pourvu 84 postes vacants ainsi que le paiement des jours de grève. Les grévistes bloquent l’hôtel Royal Amazonia à Cayenne où s’est réfugiée la direction depuis le début du mouvement
Reprise du ramassage des déchets.
Conférence de presse des 500 Frères [la branche dure] : « Lorsque nous avons eu à manifester dans la ville, à aucun moment les 500 Frères n’ont eu de pratique de la violence. Nous avons toujours été pour le calme, nous avons toujours été du côté de l’État, en évitant que la population se soulève contre l’État ».
Mardi 25 avril
Au centre hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne (CHAR) une partie du personnel est toujours en grève à l’appel de l’UTG santé (80 mobilisés sur 2 000 personnels) ; ils réclament des effectifs et du matériel supplémentaires, ainsi que de meilleures conditions de travail.
Les travailleurs du GPAR (groupement pétrolier) de l’aéroport poursuivent la grève. Des appareils de la compagnie AIR GUYANE EXPRESS n’ont pas pu être ravitaillés en carburant.
Mercredi 26 avril
Conférence de presse confirmant la scission au sein du collectif des 500 Frères. Naissance de l’association des Grands Frères dirigée par José Achille, Serge Mortin (le gérant d’une boîte de sécurité) et Mikael Mancée tout trois récemment exclus des 500 Frères. Ils souhaitent mettre en plce un système de grands frères dans les quartiers de Cayenne pour faire du travail social et limiter la délinquance. L’association qui revendique 90 % des 500 Frères (une soixantaine sont présents) s’oppose à la minorité des 500 Frères (dont le président Stéphane Palmot ) qui, suite aux affrontements devant la préfecture, voulait durcir le mouvement et augmenter le nombre des barrages. Elle dénonce le fonctionnement de moins en moins démocratique au sein du collectif des 500 Frères qui, d’ailleurs, devaient se dissoudre après le mouvement.
Jeudi 27 avril
Le GPAR reprend le service minimum afin de ne pas pénaliser les élèves qui doivent reprendre les cours mardi 2 mai (les avions assurant les vols intérieurs peuvent être ravitaillés).
Des grévistes d’EDF prennent le contrôle des deux sites qui pilotent l’alimentation électrique du territoire et provoquent des coupures de courant.
Vendredi 28 avril
Les syndicats UTG et CDTG-CFDT de Degrad-des-Cannes menacent de bloquer le port à partir de mardi.
Les agents hospitaliers manifestent jusque devant la Préfecture.
EDF Guyane saisi la justice en référé pour que les grévistes quittent les sites occupés ; le juge des référés ordonne la levée des blocages avec une astreinte pour l’UTG de 10 000 euros par jour et par site occupé.
Samedi 29 avril
Coupures de courant organisées par l’UTG.
Mardi 2 mai
Des coupures de courant organisées par l’UTG privent de courant 40 % des habitants.
Mercredi 3 mai
Le port de Cayenne est paralysé par une grève des dockers de l’UTG en soutien à leurs camarades d’EDF.
Jeudi 4 mai
Tir d’une fusée Ariane 5.
Lundi 8 mai
Après trois jours de négociation, signature d’un protocole d’accord entre EDF et l’UTG-Éclairage mettant fin à sept semaines de grève. La direction n’a pas accordé les 84 postes réclamés mais s’engage à embaucher (sans préciser plus), et accorde le paiement de cinq jours de grève.