FAIS PÉTER LES WATTS COUSIN ! 2/2

Par ce petit tutoriel je vais essayer de vous transmettre une passion, la lutherie. Ici il ne s’agira pas de la lutherie des instruments du quatuor. Nous allons construire une Cigare box guitare. Le nom n’est pas une image, une boîte de cigare sera utilisée pour caisse de résonance.

Le matériel:
– une boîte de cigare de volume assez important. Disons que 30cm de long sur 20 de large c’est top. La hauteur importe moins.
– du bois pour le manche le chevalet (et le sillet de tête)
– des frettes (c’est les barrettes métalliques)
– des mécaniques de guitare folk (en métal)
– du vernis
– un peu d’électronique (disque piezzo et prise jack 6,35mm)
– cordes pour guitare folk
– un boulon ou un morceau d’os

Les outils :
– outils pour le bois (scie, scie japonaise, scie à chantourner, papier à poncer, racloir, ciseaux, perceuse, serre-joints, rabot…)
– un réglet
– colle à bois
– fer à souder

cigar-boxC’est un instrument accordé de manière ouverte c’est-à-dire que les cordes frottées à vide forment un accord (open de ré ou de sol). L’instrument est souvent posé sur les genoux et joué au bottle neck (cylindre en verre ou métallique). On l’utilise principalement dans la musique blues. Je vous invite à aller sur internet pour écouter et voir ce que ça peut donner.

Si vous vous dites que ça ne résonnera pas des masses vous ne vous trompez pas et c’est bien pour ça qu’on y ajoutera un petit capteur. Dans le numéro 2 de Spasme ! un tuto sur la fabrication d’un amplificateur avait été publié, il conviendra pour cet instrument.

La première chose à faire est d’aller voir plusieurs buralistes et leur demander s’ils ont la boîte à cigare (vide) qui va bien. Il est important d’avoir la boîte avant de commencer car les cotes en dépendront.

Choisissez votre bois pour le manche. J’ai vu des personnes utiliser du sapin mais je vous le déconseillerai. Bien que ce soit un des bois les moins chers et des plus faciles à travailler, il peut facilement bouger sous la tension des cordes avec le temps. Préférez un bois plus dur (cèdre, frêne, noyer, chêne pourquoi pas,…) à vous de voir. Le manche traversera la boîte de part et d’autre.

Abordons la notion du diapason. C’est la distance entre les deux points de tension des cordes. C’est-à-dire entre le sillet de tête et le chevalet. La longueur du manche dépendra donc du diapason. Afin que l’octave de la corde à vide soit juste et se retrouve à la 12ème case (comme sur toutes guitares) il faut que la longueur entre le sillet de tête et la 12ème frette corresponde à la longueur du diapason divisée par 2.
Exemple: Le diapason choisi est de 630mm 630/2= 315mm.
Il faudra donc impérativement que la distance entre sillet de tête et la 12eme frette soit de 31,5 cm. Sachez que le chevalet doit idéalement être placé au 1/3 (en partant du cul) de la boîte. À partir de ces infos vous pouvez déjà placer le futur manche sur la caisse et mesurez, tracez. Repérez les emplacements du chevalet, du sillet de tête, de la frette 12,…

Une fois que tout est repéré et bien clair dans votre tête, commencez à travailler le manche. Choisissez si vous voulez un manche arrondi ou rectangulaire pour plus de stabilité sur les genoux, la forme de la tête (en fonction des mécaniques choisies). Pour profiler le manche comme vous le souhaitez, munissez vous d’un racloir d’un rabot et de papier à poncer. En fonction du bois choisi, vous trouverez le bon outil. Pour la tête, une scie à chantourner, une défonceuse ou un rabot. C’est à vous d’en décider en fonction de vos contraintes. Voici un dessin du manche de profil pour vous donner une idée de comment il peut être fait simplement.

Il est temps de placer les frettes sur votre instrument. Cette étape peut être assez compliquée pour un novice mais elle n’est pas indispensable. Si vous voulez jouer uniquement au bottle neck, pas forcement besoin de fretter le manche. Des traits de repère suffiront puisque les cordes ne seront pas pincées mais effleurées. Si vous tenez à en jouer comme d’une guitare, il vous faudra placer les frettes. Si vous êtes dans une ville, les magasins de musique peuvent en avoir ou vous rediriger vers les luthiers. De la frette Jumbo basique et pas chère fera l’affaire. Sinon, internet.

Afin de calculer l’espacement entre chacune d’elles je vous conseille vivement d’utiliser un des petits programmes existant sur internet. Tapez “calcul frette” et vous trouverez. Il vous suffit d’indiquer la longueur du diapason et la machine s’occupe du reste. Le frettage d’une guitare s’opère sur une pièce en ébène ou en palissandre appelée la touche. Sur la cigare box elle n’est pas obligatoire. A vous d’en décider. Pour ce, repérez par des traits bien tracés l’axe de chaque frette puis avec une cale qui servira de guide sciez le manche ou la touche (selon ce que vous aurez choisi) à 3mm de profondeur. La scie utilisée est une scie japonaise car la voie est très fine (0,6mm). Mettez une goutte de super glu dans la fente et posez la frette puis tapez dessus avec une cale en bois et un petit marteau. Servez-vous d’une tenaille pour couper le bout de frette qui dépasse. Une fois toutes les frettes posées, afin qu’elle ne dépassent pas d’un poil du bois, utilisez une meule ou une lime et du papier de verre avec une cale, le résultat sera parfait.

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Revenons à la boîte de cigare. L’axe central doit être tracé sur le couvercle ou le fond. Vous pouvez choisir d’utiliser le couvercle de la boîte comme dessus de guitare. Le manche sera fixé dessus et vous pourrez toujours ouvrir la boîte même après montage des cordes. Pour des questions de solidité il est parfois préférable d’utiliser le fond de la boîte et même de renforcer les angles par des petits tasseaux collés. Jugez en fonction de votre boîte. Le passage du manche est repéré. Avec une scie et un couteau à bois, découpez des deux côtés l’ouverture ce qui permettra au manche de passer dedans. Si tout est bon, vous pouvez coller. Utilisez des serre-joints et si nécessaire des cales afin d’éviter tout glissement.

Profitez du temps de sèchage pour façonner le sillet de tête et le chevalet. Le sillet peut être taillé dans de l’os. Perso j’ai tapé dans du tibia de bœuf que mon boucher m’a gentiment découpé. Il faut le faire bouillir puis sécher. Si vous possédez un étau ce sera facile de le bloquer pour découper des “lamelles” avec une scie à métaux. Le chevalet est taillé dans du bois dur avec un ciseau. Un dessin vous montre une forme. Sinon simplement prendre un boulon et le décapiter. Vous avez votre chevalet. Il faut qu’il soit assez haut et sous la tension des cordes il ne sera pas nécessaire de le coller. Vous devrez tracer un trait qui restera sur la boîte afin de repérer l’emplacement puis au montage des cordes bien le positionner. Vous l’aurez compris, le pas de vis permettra aux cordes de bien se tenir.

Il reste à percer des trous au diamètre des mécaniques sur la tête et d’autres de 3mm (maximum) au cul du manche pour passer les cordes. Avant de fixer les mécaniques, choisissez un vernis et passez-y quelques couches en prenant soin de poncer entre chaque couche avec un papier à grain très fin ou à la laine d’acier 000. Vous avez votre instrument!

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Maintenant il faut pouvoir l’amplifier. Il vous faut un capteur et une prise jack 6,35mm. La méthode à pas cher consiste à récupérer un disque piezzo ou d’en acheter un. On en récupère dans les cartes postales musicales. C’est cette chose qui fait le bruit agaçant, oui. Entre les deux feuilles de carton le disque piezzo est dans un gabarit en plastique qui sert de résonateur quand il est utilisé comme haut-parleur. Vous l’utiliserez comme capteur alors vous pouvez le déloger du plastique et souder le fil (rouge) qui part du cercle central du piezzo au point chaud (Tip), la patte la plus courte de la prise jack 6,35mm. Faire une soudure avec l’autre fil jusqu’au connecteur masse (sleeve) de la prise.

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Percez une dernière fois la boîte au diamètre de la prise jack pour la fixer. Collez le disque dans la boîte à côté du manche. Le plus proche possible du chevalet est généralement le mieux car c’est le point de transmission des vibrations. Collez avec du double face pour pouvoir comparer en écoutant chaque endroit. Au mieux vous pourrez le coller avec un point de glu.■

par Bokum.

Le patxaran qu’est-ce que c’est ?

patxa-atxaDans le numéro 8 nous vous parlons du Pays Basque et évoquons une boisson bien de là-bas le patxaran.

Le patxaran est donc une sorte de liqueur obtenu en faisant macérer des prunelles sauvages (du Pays Basque évidemment) dans de l’alcool anisé. Celui que l’on trouve dans le commerce fait environ 25°, le fait maison peut-être un peu plus costaud. Ça se boit le plus fréquemment dans le fond d’un verre avec des glaçons ou bien dans un txupit (un verre à shooter). Le goût anisé peut-être plus ou moins prononcé selons les patxarans, cepedant celles et ceux qui n’aiment pas ce parfum le sentiront de toute façon. Le premier verre à tendance à donner un petit coup de fouet et à réchauffer la gorge. Les suivants peuvent être un peu taquins c’est pourquoi nous déclinons toute responsabilité quant aux dégats que vous pourriez causer.

Pour terminer voici un petit extrait de la fiche Wikipédia de la boisson concernant ses qualités :

« Valeurs nutritionnelles et médicinales
La prunelle contient de la vitamine C, est tonique, astringente et fortifie l’estomac. Les fleurs de l’arbuste sont diurétiques et laxatives quand elles sont utilisées comme infusion. Ce sont les propriétés médicinales du patxaran, bon pour l’estomac, pour alléger les indispositions de la vieillesse et pour la prévention de l’artériosclérose et l’infarctus. En outre, il agit comme sédatif sur le système nerveux. »

Anonymat, vie privée, sécurité : la boîte à outils pour être (un peu plus) tranquille sur le net

Depuis quelques années, notamment grâce aux révoltes dans le monde arabe, le public prend peu à peu conscience de l’importance qu’il y a à protéger ses données. Qu’il s’agisse des États ou des entreprises, nombreux sont ceux qui surveillent nos moindres faits et gestes. Du système d’exploitation de notre ordinateur à notre navigateur  Internet, les possibilités de fuites de données sont légion. Nous allons voir ici quels outils peuvent nous aider à minimiser la quantité d’infos que nous dispersons sur la toile.
Cependant gardez en tête que pour être efficace, ces outils doivent être accompagnés des comportements adéquats. Inutile d’utiliser un réseau crypté comme TOR si c’est pour donner des infos vous identifiant personnellement par son biais.
Par ailleurs, essayez dans la mesure du possible de préférer les logiciels libres. Leur code étant ouvert, cela permet à ceux qui le souhaitent de vérifier qu’un logiciel ne contient pas de fonction malveillante contrairement à un logiciel propriétaire dont le code est fermé donc invérifiable. Ce qui veux dire que même si vous n’êtes pas un pro de l’ordi, une communauté d’utilisateurs a déjà pu confirmer la sécurité de l’application. De plus, ces programmes sont bien souvent gratuits !
Enfin, prenez conscience que le pire des mouchards est probablement en ce moment-même dans votre poche si vous êtes possesseur d’un smartphone. GPS, communications téléphoniques, SMS, navigation Internet, photos et vidéos, il sait tout de vous !

Système d’exploitation :

Le système d’exploitation est l’élément central de votre ordinateur. Sachez que si vous êtes sur Windows ou Mac, vous n’avez aucune garantie concernant la confidentialité de vos données. L’affaire Snowden a montré que la plupart des géants de l’informatique (qui sont américains) collaborent avec la NSA (agence américaine en charge du renseignement d’origine électromagnétique). Il a également été révélé que durant la révolution tunisienne Microsoft a aidé le régime en lui fournissant des informations sur les opposants.

Préférez donc un système GNU/Linux. Le code source étant libre, n’importe qui peut le consulter et s’assurer que le système ne contient pas de « porte dérobée » qui permettrait une fuite des données. Le passage à GNU/Linux peut sembler compliqué. Dans le cas d’utilisation de certains logiciels professionnels ce n’est parfois pas possible car ces derniers n’existent que pour Windows ou Mac. Vérifiez tout de même si vous ne trouvez pas de programmes équivalents pour GNU/Linux. Contrairement à Windows ou Mac, GNU/Linux n’est pas un système en lui-même, mais une base sur laquelle sont créées des centaines de distributions pouvant avoir des usages spécifiques (réseau, sécurité, vidéo, bureautique, etc…). En voici quelques unes destinées aux utilisations classiques pour la plupart d’entre nous (bureautique, Internet, multimédia).

ubuntuUbuntu : longtemps réputé comme étant la distribution la plus simple pour débuter sur GNU/Linux, d’autres viennent aujourd’hui la concurrencer sur ce terrain.
http://ubuntu-fr.org/

 

linux-mint-logoLinuxMint :
http://www.linuxmint-fr.org/

 

Fedora_logoFedora :
http://www.fedora-fr.org/

 

mageia-logoMageia :
https://www.mageia.org/fr/

 

tailsTails : distribution « live », c’est à dire ne nécessitant pas d’installation. Elle s’utilise directement depuis un DVD ou une clé USB sans toucher au système installé sur l’ordinateur, ni même au disque dur. Étudiée spécifiquement pour ne pas laisser de traces, elle embarque entre autre le logiciel TOR.
https://tails.boum.org/

Navigateurs et Plugins :

Le navigateur est lui aussi un élément crucial dans la protection de nos données. Pour commencer, oubliez Internet Explorer (Microsoft) et Safari (Apple) pour les mêmes raisons que dans la section précédente. Ne tombez pas dans le panneau de Google Chrome non plus. Si vous appréciez ce navigateur préférez-lui sa version libre Chromium qui ne contient pas les mouchards de Google.
Nous vous conseillerons quant à nous Mozilla Firefox. Il permet, comme d’autres, l’ajout d’extensions utiles dont voici quelques exemples. Vous trouverez la plupart d’entre elles en lançant Firefox puis en allant dans le menu «FireFox > Modules Complémentaires». Recherchez-les dans l’onglet qui s’ouvrira alors. Pensez également à régler les paramètres de confidentialité du logiciel (gestion des cookies, de l’historique, des mots de passe) et pensez au mode «navigation privée» qui peut-être utile.
Firefox_Logo
Adblock Plus : cette extension bloque la publicité. Comparez une navigation avec et sans, vous verrez le confort gagné !  Elle permet également de bloquer les outils statistiques un peu trop intrusifs (Google analytics par exemple) utilisés par certains webmasters ainsi que les boutons de réseaux sociaux et leurs fonctions traçantes (pour cela ajoutez les listes de  blocage « Fanboy’s » trouvable avec une recherche).

NoScript : NoScript permet de bloquer tous les scripts (Flash, Javascript, …) d’une page web. Aujourd’hui utilisés en masse, les langages de scripts permettent d’ajouter aux sites Internet des fonctionnalités diverses (vidéos, sons, animations, publicités, statistiques…), mais peuvent aussi être utilisés de manière malhonnête pour obtenir des informations sur les internautes. Il est évident qu’une fois tous les scripts bloqués, certains sites auront une drôle de tête voire seront incompréhensibles. Vous pouvez donc paramétrer l’extension pour accepter certains scripts sur les sites de confiance.

HTTPS Everywhere : cette extension permet d’utiliser en priorité le protocole SSL dès qu’un site le permet. Le protocole SSL crypte les informations échangées entre votre ordinateur et le site visité empêchant ainsi que des personnes tierces puissent voir en clair votre trafic. SSL est notamment le protocole utilisé lors de vos paiements en ligne, on le reconnaît grâce au début de l’adresse du site qui est en « https » au lieu de « http ». Retenez néanmoins que le protocole semble compromis par la NSA d’après les révélations d’Edward Snowden. HTTPS Everywhere se télécharge sur le site de l’Electronic Frontier Foundation :
www.eff.org.

FlagFox : outil permettant d’obtenir divers renseignements sur les sites que vous visitez. Il affiche dans votre barre d’adresse le drapeau du pays dans lequel les serveurs du site que vous consultez se trouvent. En réalisant un clique droit sur le drapeau vous pouvez accéder à différentes fonctions permettant d’obtenir plus de détails sur le site.

WOT : extension collaborative permettant de noter la confiance à apporter à un site. Une fois installée elle affichera à côté de chaque lien vers un site un disque de couleur allant du vert au rouge. La couleur traduit le niveau de sûreté plus ou moins élevée du site d’après les utilisateurs l’ayant noté. Il faut cependant rester prudent. WOT est parfois utilisé de manière détournée (politique, commerciale) et non de manière objective quant à la qualité technique d’un site. Restez donc vigilants. Cependant pour des sites marchands il s’avère souvent très utile. En cliquant sur le disque vous obtenez la fiche WOT du site concerné ainsi que les avis laissés par les utilisateurs.

LigthBeam : cette extension vous permet lorsque vous la lancez de voir à quels services web (donc aux entreprises dont ils dépendent) vous donnez des informations durant votre navigation. À chaque site que vous consultez une arborescence se crée dans l’onglet de l’extension, affichant les services tiers utilisés sur le site que vous visitez (google analytics pour les stats, facebook pour les « j’aime », Disqus pour les commentaires). Au fur et à mesure vous constaterez que des liens se forment entre tous les sites visités car pour la plupart ils utilisent tous les mêmes services. Ceci sous-entend que sans même vous être identifié avec un compte sur un quelconque réseau, les entreprises fournissant ces services savent quelles adresses IP consultent quoi sur le net…
L’application retient votre historique d’une utilisation à l’autre de Firefox, pensez à l’effacer.

Downloadhelper : pas réellement utile d’un point de vu sécurité (c’est le petit bonus!) cette extension permet de télécharger les vidéos provenant d’un grand nombre de plates-formes. Une fois installée l’extension se trouve dans la barre de navigation (logo représentant trois boules de couleurs), dès que vous lancez une vidéo compatible le logo s’anime, cliquez alors sur la petite flèche à droite et choisissez la qualité souhaitée.

Fournisseurs mails :

Point sensible question confidentialité : votre fournisseur mail. La plupart des gros fournisseurs scannent votre correspondance pour contrer les spams et autres virus, mais aussi pour vous afficher de la publicité ciblée. Les plus gros, principalement américains mais pas seulement, fournissent également des informations sur vous à la NSA. Vous pouvez passer par un fournisseur alternatif, chez Spasme ! nous utilisons les services de Risuep.net (malheureusement Gmail aussi parfois…), mais ils sont rares et la confiance que vous leur apporterez ne résidera que dans leurs promesses.
À part héberger votre adresse vous-même sur un serveur qui tournerait chez vous 24h/24 et 7j/7, vous ne pouvez donc être sûr de la confidentialité de vos échanges mails. Il s’agit là d’un investissement technique, pécuniaire et humain que tout le monde n’est pas prêt à faire.
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Il existe cependant un moyen de rendre plus difficile l’intrusion dans votre vie : la cryptographie. En utilisant le système de chiffrement GPG, un simple message texte demandera en théorie des ressources colossales sur plusieurs années pour être déchiffré. Notez  que jusqu’en 1996 PGP (ancêtre de GPG) était interdit d’utilisation car considéré comme une arme de guerre (!) du fait de la taille de ses clés, certainement jugées trop fortes par l’ État.  S’il est possible que les différentes agences de renseignement dans le monde aient réussi à réduire le temps nécessaire pour casser ce type de chiffrement, c’est tout de même ce que l’on trouve de mieux actuellement. Par ailleurs,  si  ce procédé se répandait il gagnerait en puissance. Si une majorité d’internautes l’utilisait pour chaque message, même le plus anodin, cela rendrait d’autant plus difficile le travail des agences en question. La masse de messages cryptés, pour la plupart sans importance serait trop longue à décrypter et noierait les messages les plus importants.

Pour utiliser GPG :
Windows : GPG4win, http://www.gpg4win.org/
Mac : GPGTools, https://gpgtools.org/
Gnu/Linux : installez d’abord le paquet gnupg2, vous pourrez ensuite choisir une interface graphique si vous n’êtes  pas à l’aise avec les lignes de commandes.
Plus d’infos :
GPG sur Ubuntu http://doc.ubuntu-fr.org/gnupg
GPG sur Fedora http://doc.fedora-fr.org/wiki/GnuPG_:_Signature_et_Chiffrement

Moteurs de recherches :

duckduckgo-logoSe passer de Google comme moteur de recherche c’est dur, mais si on tient à sa vie privée c’est un point important. En effet, Google peut recouper vos recherches avec les données de vos comptes Gmail, GoogleDocs, et autres et ainsi construire une véritable carte d’identité de vous et de vos centres d’intérêts. Pour pallier  cela vous pouvez utiliser des moteurs de recherche alternatifs.

DuckDuckGo est de ceux-là. Il certifie ne pas conserver votre historique de recherche. Par ailleurs, ses concepteurs ne ce sont pas arrêtés à cela et ont mis en place un système astucieux (les «!bang») afin de faciliter vos recherches. DuckDuckGo utilise les différents gros moteurs de recherche du marché (Google, Yahoo, Bing), mais ils ne verront que lui lorsque vous ferez des recherches. Celles-ci sont donc noyées dans des milliers d’autres recherches d’autres utilisateurs.

DuckDuckGo : https://duckduckgo.com/
Fonctionnement de DuckDuckGo (par le site lui-même) :
http://donttrack.us/
http://dontbubble.us/
http://whatisdnt.com/

Explications sur les «!bang» :
https://duckduckgo.com/bang.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/DuckDuckGo#.21Bang

Réseaux cryptés :

L’anonymat réel sur Internet est quasi impossible. Au mieux on peut tenter de brouiller les pistes, mais aucune technique n’est garantie à 100%. Ceux qui vous promettent  le contraire vous mentent. L’un des éléments qui nous trahit est nôtre adresse IP. L’adresse IP permet d’identifier une machine sur un réseau afin de pouvoir la faire communiquer avec les autres. Lorsqu’on se connecte à un site on peut voir son adresse IP (avec l’extension FlagFox citée plus haut par exemple) et lui voit la notre. Le souci c’est que cette adresse nous est fournie par notre Fournisseur D’Accès Internet (FAI), elle nous identifie donc (même si on peu prétexter s’être fait pirater sa ligne en cas de problème avec l’Hadopi…).
Si l’on souhaite simplement consulter Facebook au boulot alors que le site est bloqué, un proxy ou un VPN suffira.
Cependant, encore une fois, ce type de service demande de faire appel à des tiers auxquels ont doit faire confiance pour ne pas scruter ce que l’on fait en passant par eux et pour ne pas refiler nos journaux de connexions aux autorités en cas de problème.

tor-logoIl y a donc une autre solution et elle s’appelle TOR. S’appuyant sur un réseau mondial de nœuds (ordinateurs servant de relais), TOR permet une anonymisation relativement forte. Lorsque que vous émettez une requête via TOR celle-ci va tout d’abord être chiffrée. Elle va ensuite être envoyée à un premier nœud, qui va la transmettre à un autre nœud qui fera de même. Le nombre de nœuds et le circuit emprunté par les paquets de données varient à chaque connexion au réseau, de plus chaque noeud ne connaît que celui qui le précède et le suivant. Si un nœud était compromis il serait donc très difficile à l’attaquant de connaître toute la chaîne. À la fin du circuit votre requête sort par un nœud qui apparaîtra comme l’ordinateur faisant cette requête. La réponse à cette dernière fera le chemin inverse jusqu’à votre machine.
Concrètement cela veut dire qu’à chaque connexion avec TOR vous apparaîtrez comme vous connectant d’un endroit différent que ça soit à l’autre bout du monde ou bien de juste à côté de chez vous, si un nœud est à proximité !
Autre chose à savoir sur TOR, il propose un système de services cachés. Cette sorte de «sur-couche» réseau par dessus Internet permet de créer des sites web de manière anonyme et consultables uniquement via TOR. Si malheureusement cet espace est aujourd’hui très occupé par la cyber-criminalité (allant de la vente d’armes à la vente de drogue en passant par la pédopornographie), il ne tient qu’à ceux qui se sentent  concernés par la défense des libertés de venir y prendre place !

Pour finir, retenez qu’il est fortement déconseillé d’activer les plugins (Flash, JavaScript, ActiveX, etc…) dans la mesure du possible. En effet, certaines de ces technologies très présentes aujourd’hui dans les pages web peuvent se montrer très bavardes sur votre compte et révéler à un site que vous consultez via TOR votre véritable IP…

Télécharger TOR :
https://www.torproject.org/
Si vous êtes néophyte nous vous conseillons de prende le Tor Browser Bundle qui permet d’utiliser TOR sans avoir à configurer quoi que ce soit. Il se présente sous la forme d’un navigateur Firefox customisé.

Plus d’infos sur TOR et les services cachés :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tor_(réseau)

Autres réseaux anonymisant :
I2P : https://geti2p.net/fr/
FreeNet : https://freenetproject.org/

Conclusion

Éviter de se faire espionner par les multinationales et les États est presque une activité à part entière. Cependant les solutions exposées ici, même si elles ne sont pas parfaites, pourraient déjà bien emmerder tous ce petit monde si elles se répandaient un peu plus. Car au final elles ne sont pas si compliquées. Certes elles demandent à chacun un effort de compréhension concernant le fonctionnement d’Internet et des ordinateurs en général, mais c’est un moindre mal face à une société qui glisse peu à peu vers celle décrite dans 1984, en pire peut-être. Ne soyons pas des esclaves volontaires ! Vive l’auto-défense numérique !

par Octobit.

 

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“Sur Internet, personne ne sait que tu es un chien”. Dessin de Peter Steiner dans le New Yorker du 5 juillet 1993.

Surveillance de tous les instants : bienvenue dans la société panoptique !

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Prison Presidio Modela, construite à Cuba entre 1926 et 1928 par le dictateur Gerardo Machado. (photographe inconnu)

Panopticon

Le Panopticon est un modèle de prison créée par l’anglais Jeremy Bentham à la fin du XVIIIème siecle. C’est à partir de plans d’usines qu’il a eu l’idée d’adapter les procédés architecturaux favorisant la surveillance des ouvriers au milieu carcéral. Les cellules sont disposées autour d’une tour centrale abritant un ou plusieurs gardiens. Ce dispositif permet ainsi de réduire leur nombre. Bentham souhaitait également que les surveillants soient dissimulés de sorte qu’ils puissent s’absenter. Il pensait que les détenus ne se risqueraient de toute façon pas à enfreindre le règlement ne pouvant savoir s’ils étaient vus ou non. Les prisonniers devenaient au final leurs propres surveillants.

Société sous surveillance

Si le projet ne connaît pas un grand succès à l’époque de Bentham, des prisons ont été construites sur ce principe depuis. La progression de la «pensée panoptique» est cependant loin de se limiter au monde carcéral et ouvrier et semble devenir aujourd’hui un projet de société. La multiplication dans les rues des caméras de vidéosurveillance («vidéoprotection» en novlangue) en est la preuve. D’ailleurs les caméras dites «dômes» (dans une demi-sphère souvent teintée) reposent pleinement sur le principe panoptique. « La caméra me regarde-t-elle ou non ? »

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Informatique et panoptique

Le développement des technologies de l’information, s’il a permis de grandes avancées, est aussi l’un des éléments essentiels de la société panoptique. L’informatique et Internet sont devenues indispensables pour la plupart d’entre nous, mais cela a un prix. Notre dépendance au réseau des réseaux nous oblige à faire confiance à des États et des entreprises qui n’en sont pas dignes.
Les révélations d’Edward Snowden concernant la surveillance à l’échelle mondiale opérées par la NSA sont essentielles pour que le grand public prenne conscience de ce problème. Pourtant elles jouent également en la faveur des agences de renseignements. Comme nous l’écrivions plus haut, le but de Bentham en dissimulant les gardiens était de créer une sorte de « super-surveillance » fictive, peu coûteuse et sensée supprimer chez les détenus toute tentation de révolte.
Malgré les moyens collossaux dont dispose la NSA (et les agences européennes qui travaillent avec elle), surveiller la totalité d’Internet et en retirer des informations pertinentes est un travail de titan. En revanche, laisser supposer à la population qu’elle est potentiellement espionnée permet de réduire les comportements dissidents et diminue le nombre de menaces sur lesquelles les renseignements doivent se concentrer. Si la NSA pouvait réellement tout voir, nous pourrions nous demander comment un attentat comme celui du Marathon de Boston a pu avoir lieu.

Ne rien lâcher

Un système panoptique repose donc avant tout sur la crainte, c’est-à-dire en grande partie sur du vent !
C’est pourquoi il ne faut pas se laisser aller au fatalisme ou, à l’opposé, à la paranoïa qui est stérile. Dans le dossier qui suit nous vous donnons des exemples d’outils permettant de compliquer la tâche aux différents organismes qui nous surveillent. C’est en adoptant tous les bons comportements que nous pourrons résister à ce modèle de société qui s’affirme de plus en plus.■

par Octobit.

Le sac à vomi : BOY LONDON ou le style « nazhipster »

Le Sac à Vomi, comme son nom l’indique, recueille tout ce que l’on vomit. Entre deux soubresauts un rire peu s’inviter, mais que l’on ne s’y trompe pas : c’est un rire jaune, comme la bile.

Rihanna-Boy-LondonBOY LONDON est une marque née dans les 70’s à Londres en pleine époque punk. Il est alors fréquent de voir de jeunes gens arborer des symboles se rattachant au nazisme par pur esprit de provocation. On se souvient par exemple de Sid Vicious portant un T-shirt avec la croix gammée ou encore du groupe Joy Division dont le nom désignait une partie des camps de concentration où les nazis se livraient à l’exploitation sexuelle des détenues. Cette marque de vêtements avait quant à elle choisi d’utiliser l’aigle nazi et de le percher sur le «O» de «BOY» de sorte qu’il ne manquait que la svastika pour compléter le tout. Si on pouvait déjà trouver douteux ce type d’humour, il s’inscrivait dans un contexte culturel et une époque qui lui donnaient un sens.
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A gauche le logo du parti d’Adolf Hitler, à droite ce même logo détourné par la marque de vêtement.

Aujourd’hui, bien loin de cette contre-culture, la marque a comme égérie la chanteuse pop Rihanna. Cela devient donc assez dérangeant de voir ce type de logo sur les fringues de jeunes crétins qui ne savent parfois même pas quand a eu lieu la Seconde Guerre Mondiale. Vérifiez, vous verrez que si vous les interrogez sur la provenance du logo ils ont tendance à ne pas comprendre tout de suite. En les aidant un peu, vous aurez droit à un «han ouais ! pffff !». Ce qui signifie que vous êtes trop un boloss’ et que vous n’avez décidément pas le swagg… Navrant, mais problématique aussi de voir une marque qui rend «kiffant» un insigne carrément craignos à des jeunes trous du cul ignorants.

par M.

Concert de soutien au Testet avec La Compagnie Kta !

Samedi 25 octobre avait lieu à 10 km de Gaillac, dans le Tarn, un grand rassemblement pour dire non à la disparition de la zone humide du Testet. Déjà sérieusement amputée de ses arbres, le Conseil Général du Tarn souhaite construire sur cette zone un barrage afin d’irriguer les champs d’une vingtaine d’agriculteurs productivistes. Pour soutenir la ZAD du Testet le collectif Mérindol des Landes organisait un concert le même jour avec au programme, entre autres, La Compagnie Kta. Nous avons rencontré les membres du groupe à la fin de leur prestation pour leur poser quelques questions sur leur soutien aux opposants au barrage et sur leurs chansons. Quelques heures plus tard, au Testet, Rémi Fraisse mourrait assassiné par la police.

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Spasme ! : Bonjour, pour commencer pouvez-vous vous présenter ?

Fred : On est la Cie Kta, on existe depuis 10 ans, avec Anne qui est conteuse et moi qui suis musicien. On a commencé par du conte musical traditionnel, après on a raconté nos histoires et progressivement ça s’est orienté vers ce qu’on peut trouver dans Drôle de France [leur spectacle actuel, ndlr] avec des histoires de destins singuliers, de héros du quotidien, ordinaires et banals, qui ont décidé de refuser le système qu’ils subissaient, l’inhumanité et l’injustice.
Ensuite on a rencontré Cyril donc on a agrandi le groupe. La Cie Kta embauche ! Nous sommes des entrepreneurs du service public et de la culture pour tous ! (rires) Nous nous sommes peu à peu orientés vers un son plus rock, plus punk, parce qu’on est quand même profondément anarchistes malgré les apparences.
Le répertoire s’est monté au fur et à mesure, au  départ on avait quelques histoires qui étaient alimentées par le public qui nous donnait des pistes. Comme Gaspard De Besse c’est l’exemple qui est dans l’album…

S : Qui est Gaspard De Besse ?

Anne : Gaspard de Besse c’est le Robin des bois du Var. Il était à Besse-sur-Issoles, dans les gorges d’Ollioules, et il ne tombait que sur les usuriers, les collecteurs d’impôts. Il récupérait les sous, en gardait une petite part pour la bande parce qu’ils étaient quarante et qu’il fallait bien qu’ils bouffent et le reste il le rendait à la population. Gaspard de Besse était super populaire et les gens les cachaient. Ils ne disait rien et le protégeaient du mieux qu’ils pouvaient. Il s’est fait exécuté à Aix-en-Provence en 1781.

S : Avant de revenir à ce que vous faites, pouvez-vous déjà nous dire un peu pourquoi vous êtes ici ce soir ?

A : En France nous avons des zones humides qui sont des réservoirs d’eau, elles abritent des espèces endémiques et au nom de la productivité et des grands projets inutiles on veut éradiquer toutes ces populations et mettre du béton là où il y a de la verdure. Dans ce cas précis, un barrage va être construit pour faire des hectares et des hectares de culture intensive de maïs pour donner à bouffer à des animaux qui sont dans des conditions pitoyables.
Il faut que nous réalisions qu’au rythme actuel, tout les sept ans il y a l’équivalent d’un département qui est mis sous le béton et que nous n’avons plus d’autonomie alimentaire. Cela doit changer, le seul moyen de récupérer notre pouvoir c’est d’avoir une autonomie alimentaire et énergétique. Du coup, nous essayons de monter des systèmes parallèles qui permettent aux êtres humains de vivre dignement. Par ailleurs, si le gouvernement utilise son pouvoir pour aider des entreprises qui détruisent notre nature et nos moyens de vivre c’est notre devoir de citoyens et de citoyennes de s’élever contre parce que la République c’est un long combat, c’est un rêve qui a été émis en 1789 avec une Charte des Droits Humains… (Plus exactement des Droit de l’Homme en 1789 parce que la femme évidemment ne semble pas rentrer tout de suite dans l’humanité…)
À l’école laïque républicaine, on nous a fait croire que tout ça est acquis, que la démocratie est acquise, que la liberté, l’égalité et la fraternité c’est le combat du gouvernement chaque jour et puis nous nous rendons compte que ça n’est pas la réalité. Le barrage du Testet, c’est comme Notre-Dame-Des-Landes, ce sont des exemples de non-concertation avec la population, donc c’est important d’en parler et de parler de tous les autres moments de l’histoire où les humains se sont dit : « Non on va pas se faire avoir, on va pas se faire marcher dessus, on va s’organiser, on va lutter, on va être solidaires ». La force du peuple est mille fois plus forte que celle du gouvernement qui mine de rien est tout petit.
Nous avions regardé sur Internet les forums de gendarmes au moment où à NDDL c’était vraiment très très hard et ils disaient que s’il y avait des ZAD partout ils ne pourraient rien faire.
Durant le concert de ce soir nous n’avons pas fait 1851, mais en 1851 il y a eu une grosse révolte dans les Basses-Alpes au moment où Louis Napoléon Bonaparte a fait son coup d’État pour devenir Empereur. Le peuple a réussi à prendre les deux sous-préfectures et la préfecture sans verser une goutte de sang parce qu’avant il s’était organisé. Au lieu d’aller chez eux en rentrant du boulot, les gens allaient dans ce qui s’appelait des chambrettes. C’étaient des réunions où ils mangeaient, ils buvaient et ils parlaient politique. Et toutes ces chambrettes étaient fédérées. Quand la nouvelle du coup d’État est arrivée ça a fait le tour de toutes les chambrettes et la population a levé 10 000 hommes en trois jours ! Nous avons avec cet exemple la preuve que quand tout un département se soulève d’un coup, l’armée ne peut rien faire. Cette dernière est allée se planquer mais les révoltés n’étaient pas assez nombreux. Le problème c’est qu’en 1848 il y avait eu une grosse révolution qui avait était réprimée dans le sang donc cette fois-ci il y a plein d’endroits où les gens ne se sont pas battus contre l’Empire. Si tout le monde s’était soulevé en même temps nous aurions peut-être pu retenter une République du peuple, pour le peuple, par le peuple, mais là ils se sont fait écraser. Mais quand même, nous savons que c’est important de s’organiser et de se fédérer. Le peuple uni jamais ne sera vaincu, et ça nous en sommes persuadés.
Aujourd’hui nous déléguons tous nos pouvoirs, à l’État, aux politiciens, aux professeurs, et peut être que par l’imagination nous pouvons récupérer notre pouvoir.

S : Alors justement tu parles de citoyens, citoyennes, de République, mais tous les problèmes que tu viens d’évoquer ne sont-il pas intrinsèques à l’idée de République ?

Anne : Non, je défends le rêve des premières personnes qui ont imaginé la République et ce rêve c’était liberté, égalité, fraternité. Cependant, 51 % des gens étaient exclus de ce rêve là puisque les femmes n’en faisaient pas partie*. Je me suis vraiment pris la tête sur le droit de vote et sur le fait d’aller voter. À chaque fois que je n’avais pas envie d’aller voter j’ai pensé à ma grand-mère qui a tout fait pour qu’on puisse voter. Mais là on arrive à une limite, donc peut-être qu’en 45 on pouvait avoir de l’espoir après la guerre – tout avait été détruit du coup il fallait tout reconstruire – mais aujourd’hui on le voit bien, chaque fois on nous présente des gens pour qui voter mais que nous n’avons pas choisis. Et quand un petit parti se présente il n’a pas les moyens d’être aussi visible que les gros.

S : Dans ce numéro on met un texte d’Élisée Reclus qui disait « voter c’est abdiquer ». Donc déjà bien avant l’époque de ta grand-mère certains mettaient déjà en doute le principe d’élire des gens auxquels ont délègue le pouvoir. Qu’est-ce que tu en penses ?

A : Je ne sais pas. Si tu prends les pirates, ils élisaient leur capitaine. Mais ils avaient le contrôle sur leur capitaine. Si le capitaine ne faisait pas ce qui avait était décidé par l’équipage on le démettait de ses fonctions et on l’abandonnait sur une île déserte. Mais le principe des pirates c’est qu’ils discutaient tout jusqu’au consensus et quand ils étaient trop nombreux ils faisaient de petits groupes et ils avaient un représentant par groupe. Le truc c’est que si tu veux que tout le monde puisse avoir la parole et puisse s’exprimer il faut bien faire des petits groupes. Et c’est dans des petits groupes que tu peux exercer une vraie démocratie. Des anthropologues anarchistes ont montré que la démocratie n’est pas un concept exclusivement occidental. Il y a plein de tribus dans lesquelles la démocratie a vraiment existé, mais c’était des petit groupes ! Quand tu dépasses trente personnes la démocratie n’est plus possible.
La République telle qu’elle a été faite a détruit toutes les langues régionales, elle a essayé d’imposer une seule langue pour permettre l’administration et l’unification de tout le monde. En fait, cette unification elle a tué toutes les différences culturelles, elle a uniformisé. Et puis elle nous a inventé un rêve de France, mère patrie, qui s’occuperait toujours de nous et qu’on a toujours eu dans la tête. Finalement c’est pareil qu’à l’époque des rois, le truc paternaliste où on va s’occuper de vous parce que  nous ne serions sois-disant pas capable de nous occuper de nous-mêmes.
Il y a vraiment eu un espoir avec la République. En 1851, dans les discours d’André Ailhaud, la République doit être construite par tous. Et donc pour la construire il faut qu’e nous la prenions en main et que nous soyons responsables en tant que peuple et ne pas laisser les élites décider à notre place. Pendant la Commune de Paris les gens ont élus un gouvernement, quand ce gouvernement a voulu faire de sessions à huis clos, le peuple s’est remis devant en disant : « Y a pas moyen, nous on veut savoir ce qui se passe! » Et parfois savoir ce qui se passe nécessite de prendre le temps. Peut-être qu’aujourd’hui, vu que le plein emploi n’existe plus, il y aura de plus en plus de gens qui auront du temps et qu’avec ce temps-là nous pourrons nous investir à nouveau dans la vie de la cité. Nous pourrons prendre le temps de décider si là on fait plutôt un parking ou un parc. Parce que le consensus ça prend du temps. Si nous n’en avons pas on ne peut atteindre le consensus, donc on va au vote parce que ça va au plus vite. Mais le consensus c’est quand même le plus intéressant parce que quand quelqu’un n’est pas d’accord, le but n’est pas de le convaincre, mais de prendre le temps de comprendre pourquoi il n’est pas d’accord. Ensuite cela permet d’intégrer son objection et de faire une nouvelle proposition qui la prend en compte. Ça demande du temps mais c’est ce qui est le plus démocratique et ça les Indiens d’Amérique le pratiquaient, les pirates le pratiquaient, etc.

S : Je reviens sur votre projet musical. J’aimerais savoir ce qui vous a amenés à cette forme entre spectacle et concert et comment est venue cette idée de fresque historique en résonance avec le présent.

A. : La bataille de l’imaginaire. Moi, à l’école on ne m’a jamais parlé de la Commune. Je me suis retrouvée avec une prof qui adorait Napoléon. Quand j’ai appris l’existence de la Commune de Paris, je me suis dit qu’on aurait dû passer au moins deux mois sur ce sujet parce que c’est une vrai expérience de démocratie, d’autogestion…

Kryl : C’est pour ça qu’on ne nous en parle pas à l’école. Parce que c’est une vrai expérience de démocratie et d’autogestion. L’autogestion si tu en parles à l’école c’est fini, tu rentres plus dans le moule, tu vas plus aller voter pour les gens pour qui on te dis d’aller voter…

A. : Nous, nous nous disont qu’en racontant ces histoires  nous pouvons faire prendre conscience à tout le monde qu’on a un pouvoir, que le peuple a un pouvoir, qu’on est capable, qu’on est expert en tout ce qu’on veut en fait. Tu vois, moi j’ai rencontré une meuf qui me disait : « J’ose pas aller au conseil municipal parce que je me suis dis je suis pas assez intelligente pour ça ». Et puis elle est allé au conseil municipal, elle a vu comment ça se passait, elle est revenue et elle m’a dit : « Ok, si je peux. J’ai grave les moyens de le faire en fait !» Elle s’est présentée, et voilà. Nous en avons rencontré plein de gens dans des petits bleds qui commencent à récupérer les conseilles municipaux et a inventer de nouvelles façons de faire de la politique. On a rencontré des gens qui vivaient dans une espèce de lieu collectif où ils sont super nombreux et tout d’un coup ils ont tous pris leur carte d’électeur. La mairie, elle a flippé ! Ils se sont présentés avec une campagne délirante. Petit à petit on en prend conscience, on ne peut pas laisser les politiciens s’occuper de nous alors qu’ils servent les intérêts des grosses entreprises et des puissants.

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S. : Dans vos concerts il y a une part importante consacrée au féminisme. C’est quelque chose qui parfois dans l’histoire libertaire ne paraît pas primordiale alors que plusieurs acteurs de cette tendance politique ont pris des positions fermes en faveur du féminisme. J’aimerais savoir comment est venue votre volonté de l’intégrer à vos spectacles ?

A. : De mon expérience personnelle !  Quand je me suis aperçue que j’étais prise dans un carcan, que j’avais encore des idées et des façons de faire qui sont d’un vieil âge et qui viennent de notre servitude ancestrale. J’ai bossé aussi sur les esclaves aux États-Unis, en lisant Howard Zinn notamment, il y a tout un chapitre dans son Histoire Populaire des États-Unis où il met en parallèle l’histoire de esclaves et l’histoire des femmes, en disant que les esclaves et les femmes étaient dressés de la même manière. On te fait perdre la confiance en toi, on te dit que tu n’es pas capable de vivre toute seule, que tu dois être bien contente parce qu’on te nourrit et qu’on s’occupe de toi. Donc il faut que tu sois dans la gratitude, la gentillesse. Sauf qu’à un moment on a reconnu que les esclaves avaient été esclaves et que ce qu’ils avaient vécu c’était pas bien. Alors que les femmes non !
En plus, en France on a les féministes des années 70 qui disent : « On a tout gagné pour vous !» Certes ce qu’elles vivaient avant était horrible et depuis on a gagné des droits sur l’appropriation de notre corps, de nos idées… On est devenues majeures alors qu’avant on étaient mineures. Mais elles ont l’impression qu’elles ont tout gagné, alors que non ! J’ai eu des disputes avec des vielles féministes qui me disaient : « Mais c’est bon, pourquoi tu râles encore ! Tu es encore en train de pleurer sur ta condition, moi j’aurais rêvé d’être à ta place. À ton âge j’avais déjà trois gamins, j’étais d’un milieu rural…» Certaines on eu des vies difficiles, je reconnais… Pour ma part j’ai 36 ans, je suis célibataire, il n’y a personne qui m’emmerde, j’ai pas d’enfant. Je suis certainement plus libre qu’une femme d’il y a trente ou quarante ans, mais bon on est toujours pas payées au même salaire pour le même poste et quand tu regardes les chiffres c’est hallucinant. Si tu observes les chiffres de la culture il n’y a que 10 % de femmes qui sont programmées. Il y a des théâtres où il n’y a même pas une femme dans la direction. Il y a une association qui s’appelle les Femmes à Barbe qui va dans les conseils d’administration des entreprises pour mettre le doigt là-dessus. J’ai vu l’action qu’elles ont faite au théâtre de l’Odéon. Elle sont montées sur la scène avec leur barbe et elles ont dis :« On est ravies que vous défendiez la culture universelle !» Ensuite, elles ont pris les programmes et ont montré qu’en huit ans il y avait eu seulement une femme metteuse en scène et le texte d’une femme, tout le reste c’était des hommes blancs. De temps en temps il y avait un Haïtien ou un Sénégalais, pour montrer qu’on est pour la diversité, mais pas de femme. Après leur intervention les gens ils ont fait : « C’est vrai, on s’en était même pas rendu compte ».
Du coup moi je vois ma propre aliénation, ce que j’ai dû mettre en place justement grâce au travail des féministes pour me rendre compte de mes comportements de servitude. Et au bout d’un moment nous voulions en parler, je trouve que c’est un super exemple. Le peuple et les femmes même combat ! En montrant l’histoire des femmes, en mettant le doigt dessus déjà nous pouvons faire prendre conscience que les femmes son entrées dans l’Histoire. Je reprends ce discours de Sarko** parce que c’est le même truc. En fait les femmes sont entrées dans l’histoire, mais on les en a éradiquées !
Il faut que les femmes prennent conscience qu’elles ont toujours été là, qu’elles ont toujours fait quelque chose, qu’elles ont toujours été en mouvement et qu’elles ont toujours été les premières à monter au créneau. C’est les femmes qui élèvent les enfants, qui voient leur mari triste, leur frères qui ne va pas bien. C’est les femmes qui prennent ces choses-là en main. C’est elles qui sont allées chercher le roi en 1789. C’est les femmes de la Commune de Paris qui ont monté l’Union des Femmes et qui ont ouvert les églises, les ateliers. Mais à l’école nous n’apparaissons pas car nous n’avons jamais eu le pouvoir dans les mains, donc nous n’avons jamais écrit de lois, nous n’avons jamais fait de guerre et du coup nous n’existons pas. Avec la Compagnie Kta nous prenons l’Histoire d’un autre point de vue pour montrer que les femmes sont super présentes et que si elles reprenaient leur part de pouvoir comme elles l’avaient avant, elles pourraient rééquilibrer la société et la rendre plus humaine. Parce que c’est quand même les femmes qui sont dans la transmission, et là je suis désolée il y a peut-être des gens qui vont pas du tout aimer que je dise ça. Dans cette transmission on rêve d’un monde meilleur ! Donc les femmes elles peuvent énormément apporter à notre désir de vivre dignement, bien et simplement.

Kryl : Là t’as au moins 56 pages de fanzine…

S. : Pour terminer, il paraît que vous allez sortir un CD bientôt, pouvez-vous m’en dire plus ?

Fred : On espère au mois de janvier oui, on est en fin de mixage. Il y a neuf titres. Deux chansons n’y sont pas pour des raisons de droits d’auteur c’est À bicyclette et Douce France en version punk. Même si on a modifié un peu les paroles de base, on s’est dit on sait jamais…

K. : Et ça sort en vinyle et CD.

S. : C’est pas un peu passéiste le vinyle ?

A. : Mais non c’est l’avenir.

F. : Une industrie pas du tout polluante…

K. : Les vinyles on pourra les faire tourner à la main alors qu’un cd c’est chiant. ■

Propos recueillis par M.

*Les femmes représentent aujourd’hui 51% de la popultation française, en revanche nous n’avons pas les chiffres de l’époque, ce qui ne change pas grand chose dans le fond.

** Discours de Nicolas Sarkozy à Dakar le 26 juillet 2007 où il décrivait « le drame de l’Afrique » selon lui : « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire. […] Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. […] Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour l’idée de progrès ».