Georges Courtois, revolver au poing et bagou d’enfer

Le 27 février dernier, Georges Courtois était de passage à Avignon pour participer à une rencontre organisée par le Collectif anti-carcéral du Vaucluse. C’est que le bonhomme en connaît un bout sur le sujet : il a passé plus de 30 ans en cabane. Né en 1947 dans une famille pauvre, il commence tôt à se débrouiller pour améliorer le quotidien. Ses petites rapines le font atterrir en maison de redressement et c’est là que l’escalade commence vraiment. Refusant la formation de plombier que l’administration veut lui imposer, il choisit la carrière de bandit. Plus souvent dedans que dehors, Georges Courtois se découvre alors un talent d’écrivain lorsqu’il adresse depuis sa cellule des lettres d’insultes aux magistrats qui s’occupent de son cas ou de celui de ses amis.
En 1985, il est convoqué à la Cour d’Assises de Nantes avec Patrick Thiolet afin d’être jugé pour un braquage qu’ils ont commis. Les deux acolytes ont alors l’idée folle d’organiser une prise d’otage dans le tribunal afin de dénoncer le fonctionnement de la justice et les conditions de détention dans les prisons. Pour cela ils sont aidés par Karim Khalki. Cet ancien co-detenu et ami de Courtois, libéré quelques jours plus tôt, leur apporte les armes nécessaires. Équipés de grenades et de revolvers ils prennent en otage magistrats et jurés pendant 34 heures sous l’œil des caméras de FR3. Les trois hommes finissent par réclamer les moyens de s’enfuir pour Courtois et Thiolet et une expulsion du territoire vers la destination de son choix pour Khalki. Après avoir obtenu une voiture et s’être rendu à l’aéroport de Nantes sous escorte policière, le trio, dans l’impasse, libère finalement les derniers otages et se rend. Ce coup d’audace vaut 11 ans de prison supplémentaires à Courtois. En 2015, il a publié ses mémoires, Aux marches du palais, un an après la fin d’un autre séjour de 14 ans derrière les barreaux pour un nouveau braquage.
Avec quelques camarades, nous avons profité de sa venue pour lui poser quelques questions autour d’un canon. Un entretien qui se finit en queue de poisson pour cause de timing un peu serré, mais qui nous livre un bon aperçu de ce personnage haut en couleur !

M. : Pour commencer, nous aimerions savoir pourquoi c’est important pour toi de faire des rencontres de ce type, de venir parler un petit peu de ta vie et de la prison ?

Georges Courtois : Bon, déjà c’est quand même un truc qui est relativement pesant… Et puis moi là tu vois, je sature un peu. Je me traîne un peu ça comme un boulet. À Nantes par exemple, je suis intercepté dans la rue, je sais pas, dix fois par jours par des gens. Et le problème c’est que le discours c’est toujours le même. C’est la séquence nostalgie : « J’avais 22 ans [le jour de la prise d’otage], c’est l’année où je me suis mariée ! ». Attends, la femme, elle en a 50 maintenant, c’est sa jeunesse quoi !

M. : Tu fais référence à la fameuse prise d’otage du tribunal de Nantes en 1985 ?

G.C. : Oui. Ça a été très bien reçu par la population. Alors ils viennent me voir dans les restaurants, etc… Ma femme elle voulait plus aller au restaurant à un moment donné tellement ils faisaient chier. Parce que bon ils sont chiants, quand même. C’est sans grand intérêt, quoi ! Mais c’est bien qu’ils passent quand même… Je les reçois bien. S’ils font la démarche de venir me voir c’est sympa, même si c’est pour dire des banalités.

M. : Aujourd’hui tu viens dans le cadre d’une rencontre contre l’enferment carcéral. Le principe même de la prison est très rarement remis en question. On sait qu’il ne ressort rien de bon de ce système, mais pourtant on le maintient, d’après toi comment ça se fait ?

G.C. : Je n’ai pas de solution. Je dis qu’il faudrait effectivement la supprimer, mais bon les sociologues ils sont là pour ça normalement. Personne ne s’en préoccupe. D’ailleurs, on se préoccupe surtout d’en construire d’autres. Et puis le problème qu’il va y avoir pour les prisons c’est qu’avec les partenariats public/privé, Vinci et Bouygues qui sont les rois du béton en profitent. Et ça va être géré également par le privé. Ces entreprises qui fabriquent les prisons, l’État Français leur paye un loyer, pendant 30 ans par exemple…

« …je suis sorti il y a deux ans, pendant un an j’étais dans une drôle de galère ! »

M. : Comme les autoroutes ou les aéroports…

G.C. : Voilà c’est le même système. Ils vont privatiser les prisons donc il y aura des espèces de syndic, comme dans un immeuble. Un appartement vide c’est de l’argent qui est perdu, il faut qu’il soit occupé, ça sera pareil avec les cellules. Il faudra que ça soit toujours plein. Donc ils vont en mettre de plus en plus.
C’est ce qu’ils se préparent à faire. Si tu vas voir un mec, un connard quelconque, un rond-de-cuir du Ministère de la Justice, tu lui demandes : « D’après vous il y aura combien de gens en prison en l’an 2050 ? » Il prend son ordinateur et il te dit : « Il y en aura 110 000. » C’est-à-dire qu’ils ont fait des projections ! Il pourrait te dire : « On va faire un programme politique qui fait qu’il y aura de moins en moins de gens en prison. » Mais non ! Il te dit : « Il y en aura 30 000 à 50 000 de plus » ! Le mec il le sait, et puis ça sera comme ça, hein ! Il faut construire des prisons à tout prix, même si ça sert à rien… Construire des choses qui servent à rien, c’est quand même assez aberrant !
Alors quoi faire à la place? Je sais pas…

M. : C’est compliqué, c’est lié avec le reste aussi…

G.C. : Bah, ouais…. Tu vas pas faire travailler les gens qui sont en prison. Bon, on parle pas des mecs qui vont faire trois ou quatre mois, les touristes tout ça. Mais quand tu fais des 10, 15 ou 20 ans, quand tu sors, ça craint ! Qu’est-ce que tu veux faire ? Moi je sais, je suis sorti il y a deux ans, pendant un an j’étais dans une drôle de galère ! Pas d’appartement, bon j’avais un peu d’oseille qui me restait, ça allait tu vois, mais enfin… J’avais le droit à rien, plus de sécurité sociale, enfin c’était terrible !

M. : Concernant le travail en prison justement, toi, tu as travaillé en prison ?

G.C. : Ça va pas ? Il devient fou ! Alors lui il me pose des questions, complètement… Je sais même pas ce que ça veut dire le mot travail, moi. Tu sais qu’il y a aucun patron qui peut se vanter de m’avoir fait une fiche de paye dans sa vie !

M. : Dans ton bouquin tu dis quand même à un moment que tu as essayé de finir ta formation de plombier, mais que tu as eu de nouveaux ennuis pour une histoire de carte grise…

G.C. : Ouais, quand ma fille est née. Bon j’ai eu une petite fille, la dernière, la deuxième. J’ai dit faut arrêter un peu de déconner. Ils m’ont attrapé, j’avais pas changé une carte grise, ils m’ont mis trois mois en prison. Formation ou pas formation, allez hop au placard ! J’ai dit allez ça va, c’est bon ! J’ai fait deux mois et demi, je suis reparti et j’ai repris mes activités criminelles.
Quand tu mets un mec en prison, on peut partir du principe que c’est dans un but de le faire réfléchir. Moi, quand ils m’ont mis en prison cette fois-là, j’avais déjà fait plus de vingt ans et ils m’ont mis trois mois ! Ils se sont moqués de moi ! Ça n’a aucune utilité de mettre trois mois à un mec comme moi qui a passé des années dans les centrales !

M. : Juste de quoi te faire foirer ta formation en fait…

G.C. : Oui voilà, c’était baisé. Trois mois de prison, qu’est-ce que j’en ai à foutre ! Je rentre là-dedans, je pose mon sac par terre et j’attends qu’on vienne me chercher ! Trois mois, t’as pas le temps de te retourner, t’es déjà dehors, quoi.

A. : Il y a des expériences, c’est en Scandinavie ou en Hollande, il y a des prisons ouvertes où les gars ils travaillent la terre, il y a des champs…

G.C. : Il y en a en France, en Corse à Casabianda, à Mauzac… Mais alors le problème c’est que les mecs ils ont pas trop envie de travailler quand ils sortent de quinze ans de prison. Moi je te le dis franchement, ils se précipitent pas sur les outils ! Et puis là actuellement, socialement parlant, ça craint un peu le boulot…  Il n’y en a pas pour les gens normaux, alors pour ceux-là, c’est même pas la peine.
Et puis les mecs qui travaillent dans les prisons, moi j’ai jamais travaillé en prison, je te le dis tout de suite, ils sont payés au lance-pierre. Ils sont rackettés ! Ils te prennent 10 % par là, 12 % par là. En fait tu payes ton loyer quoi ! Alors moi, je travaillais pas, mais ils ont reçu une mise en demeure à la prison de l’Île de Ré pour mettre un écrivain public à disposition des détenus. Parce qu’ils amènent là-bas tous les mecs des îles : Guadeloupe, Martinique, Guyane, Brésil. Tous ceux qui se font arrêter par la France là-bas, dans les Caraïbes, les îles anglaises, Sainte-Lucie et compagnie. Les mecs ils parlent plus ou moins bien le français et ils se retrouvent à 6000 kilomètres de chez eux. Donc l’administration m’a demandé : « Est-ce que ça vous dit de faire l’écrivain public ? » J’ai dit oui. Ils m’ont dit : « Bon, on vous paiera l’encre, le papier, un ordinateur », j’avais un ordinateur, « et on vous donnera 300 € par mois. C’est libre accès, c’est-à-dire vous n’avez pas d’horaires, c’est à la demande ». Des fois j’étais un mois sans faire une seule lettre.

B. : C’est balaise quand même. À l’Île de Ré maintenant ils amènent les condamnés, alors que c’était le départ pour le bagne !

A. : C’est le même bâtiment avec les descendants des mecs ! Parce que c’est très clairement les descendants des mecs.

G.C. : Avant il n’y avait qu’un bâtiment à l’Île de Ré, maintenant il y en a deux. Ils en ont fait un il y a une trentaine d’années qui est à peu près correct, mais le bâtiment d’où les mecs partaient pour la Guyane, il est au patrimoine de l’UNESCO et aux monuments de France, classé historique. Les mecs, ils reçoivent de l’eau quand il pleut ! Donc un jour l’administration a fait venir un architecte des Bâtiments de France. Mais il peut pas boucher les fuites, il peut pas y toucher. Les fenêtres elles sont toutes vermoulues, il peut pas les changer. Le lendemain, devine ce qu’ils ont fait. Je te jure, t’y crois pas ! Ils ont amené des seaux de moutarde et de mayonnaise industrielle. Des grand seaux de 5 ou 10 kilos et ils ont envoyé un mec qui fait l’entretien, un taulard quoi, mettre les seaux au plafond ! Les mecs ils ont des seaux au plafond ! L’eau elle tombe dans les seaux et ils viennent les vider. Le mec quand il dort, l’eau elle tombe en faisant : « Pof ! Pof ! »
À Fresnes aussi ils ont fait un truc comme ça, avec toutes les photos des mecs qui partaient pour le bagne. Comme dans Papillon [1] ! Les matons, le directeur, ils sont très contents d’avoir ça.

« …le bâtiment d’où les mecs partaient pour la Guyane, il est au patrimoine de l’UNESCO et aux monuments de France, classé historique. Les mecs, ils reçoivent de l’eau quand il pleut ! »

Moi quand je suis intervenu au Palais de Justice de Nantes, j’ai ouvert le feu sur la police dans la salle des pas perdus. Il y avait des gros piliers et il y a des balles qui ont ricoché. Paf ! Dans les piliers ! Le plâtre qui tombe, la balle qui se met dedans… Eh ben un jour je vais au Palais de Justice et je vois un mec avec une échelle, il gratte un pilier. « Bonjour monsieur », il me dit, « je travaille pour vous là ! – Ah bon ? – Oui, parce que vous comprenez, les impacts de balles, ils commencent à s’affaisser avec l’humidité, alors là on est obligé de les consolider. – Mais comment ça ? – Ah ! », il m’a dit, « parce qu’ils sont conservés, hein, à titre historique. – Oh ! », ben j’ai dit, « C’est formidable ! »
Non mais tu te rends compte ces gens-là, quand même, ils ont pensé à conserver les impacts de balles !

M. : Ils ont plus de soucis pour les bâtiments que pour les gens…

G.C. : Ah oui ! C’est une catastrophe !

M. : Par rapport aux conditions de vie en prison justement, dans le bouquin tu parles un peu de Badinter [2] en te moquant de ses mesures en tant que Garde des Sceaux, par rapport à la télé dans les cellules par exemple…

G.C. : Ah ben la télé elle a une histoire particulière. Tu sais que moi j’ai jamais pris la télévision en prison. Pendant 25 ans, ils m’ont jamais vu avec la télévision.
Qu’est-ce qu’ils ont fait? Ils ont mis la télé pendant un an chez les femmes. À la centrale des femmes de Rennes. Et là, les psychologues ils se sont mis au boulot. Insomnies en baisse, tentatives de suicide en diminution, enfin tout allait bien, quoi ! Forcément qu’elles dormaient bien, elles regardaient la mire à 3 heures du matin ! Donc ils ont dit que c’était une très bonne chose et ils ont décidé de mettre la télévision dans les prisons. En fait c’est thérapeutique.
La première prison qui a eu la télévision en France, c’est le 20 décembre 1985, juste avant qu’on se fasse serrer, pour que les mecs ils nous voient nous faire attraper ! La semaine d’après ils ont mis la télé partout, mais les Nantais ils l’ont eue en premier, ils ont pu être aux premières loges, c’est rigolo. Badinter c’est quelqu’un de lamentable.

M. : Tu parles aussi des procès et de leur côté très spectaculaire notamment aux Assises. Dans quelle mesure ? Tu évoques notamment le rôle des jurés.

G.C. : Ben les jurés, je les ai accusés d’être coupables d’ignorance. C’est-à-dire qu’ils viennent dans des trucs où ils ne savent même pas ce qu’ils viennent faire. Ils n’ont aucune idée de la justice franchement. Par contre, il y a une des jurées qui est venue me voir pendant 10 ans en prison.

M. : Une jurée de la prise d’otages ?

G.C. : Oui. Elle m’amenait ses enfants. Elle a divorcé et tout le bordel ! Et c’était ma gonzesse pendant 10 ans. Dans les prisons pour les parloirs il y a des appartements aménagés avec chambre, salle de bains, enfin un appartement quoi [3]. Et donc elle venait me voir là, passer deux trois jours. En réalité, on ne se voyait que pour les bons côtés, les bons moments.
J’étais un bon mec, mais moi je suis un gros con. Ma femme, elle me l’a dit. Là je suis toujours aussi con avec elle, elle m’a redit ça tout à l’heure. Elle est contente que je sois toujours aussi con, parce que comme elle est malade, tu sais, je fais attention de pas être compatissant.
Et donc, je me suis révélé un gros con quand je suis sorti du placard. Je voyais ma jurée, on continuait notre petit cinéma, mais elle m’a dit : « Bon écoute, moi non, ça va plus du tout ! » C’était plus les moments privilégiés. Et puis je pense qu’elle avait voulu s’encanailler un peu. Venir dans les prisons, ça la motivait. Mais je suis resté copain avec elle, elle a trouvé un mec et je suis resté pote. Elle est morte il y a deux ans et demi d’un cancer. Et c’est marrant parce que c’est son gendre qui m’a téléphoné à la prison pour me le dire qu’elle était morte. C’est rigolo hein ? Le mari de sa dernière fille. Elle avait quinze ans quand j’ai serré sa mère. Et voilà !

M. : En dehors des jurés, il y a aussi tous les magistrats…

G.C. : Ah non mais alors là… Moi je leur ai dit : « Le carnaval est terminé ! On enlève les habits de clown, c’est fini ! » Leurs robes rouges et tout ça ! Ils ont tout enlevé ! Karim [4] il a dit : « Mettez moi ça sous le bureau que je les vois pas ! Et vous allez vous asseoir par terre ! », il a dit « À côté de la serpillière ! » Oh quelle honte !

M. : Dans ce que tu racontes on voit que les juges ont tendance à distribuer facilement les mois de prison.

G.C. : Ah ben c’est des distributeurs, je te dis moi. Je leur écrivais des lettres d’insultes, mais des lettres d’art quand même. Pas de gros mots, tu sais. Ils voulaient plus que j’aille au tribunal. Le procureur il a dit : « Non ! Non ! Il faut plus l’appeler ce mec-là, c’est bon ! »
À Créteil, ils m’avaient mis dans une cage avec des cartons. Il y avait plein de gens de Fresnes. Et là, un magistrat me dit : « Vous êtes en représentation ? » – « Comment ? » – « Est-ce que vous êtes venu faire ici une prestation artistique ? » Je lui dis : « Mais vous êtes qui, vous ? » – « Je suis le Président du tribunal qui va vous juger. » – « Quelle-est la question ? » Il m’a redemandé : « Est-ce que vous êtes en représentation ? » – « Ça dépendra du public ! », j’ai dit. Et je lui ai fait une représentation comme quoi j’étais membre bienfaiteur de la SPA, enfin personne n’y comprenait rien et on a jamais parlé de pourquoi j’étais là. Et puis finalement il m’a mis trois mois de prison amnistiés. C’est-à-dire rien. « Vous n’êtes pas condamné, vous pouvez y aller », il m’a dit, « on vous a assez vu ! »

Ici s’achève l’entretien que nous avons dû écourter car la rencontre avec le public devait démarrer. À noter cependant que la revue Jef Klak, déjà évoquée dans nos colonnes, a publié dans son numéro 2 un long autoportrait de Georges Courtois (voir ci-dessous). Signalons également qu’entre notre rencontre avec Georges et la publication de cette interview nous avons appris le décès de sa compagne, Chantal. Nos pensées vont donc vers lui.
M.

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1 Papillon est l’autobiographie à la véracité très controversée d’Henri Charrière qui fut bagnard en Guyane. L’ouvrage a été adapté au cinéma en 1973 par l’américain Franklin J. Schaffner.

2 Robert Badinter devint une icône de la gauche en faisant abolir la peine de mort en France en octobre 1981 lorsqu’il était ministre de la Justice sous la présidence de François Mitterrand. À partir de là les condamnations à de longues peines de prison augmentent fortement. En 2006, des prisonniers ont lancé une pétition réclamant  le rétablissement de la peine de mort qu’ils trouvaient moins hypocrite que les longues peines…

3 Georges Courtois évoque ici les « Unités de Vie Familiale » (UVF), expérimentées à partir de 2003 et censées être accessibles à tout détenu depuis 2009. Dans les faits uniquement 26 établissements sur 191 en disposaient en 2015, ce qui restreint énormément l’accès à ces dispositifs.

3 Karim Khalki, n’obtint pas l’expulsion vers le Maroc demandée durant la prise d’otage et fut enfermé pour cette dernière jusqu’en 2000. Plus d’infos sur : http://khalki.chez.com/sommaire.html.

Pour aller plus loin :

– « Autoportrait en cagoule : Georges Courtois, malfaiteur professionnel »,  Jef Klak n°2, mai 2015, http://jefklak.org/?p=2609.

– Georges Courtois, Aux marches du palais, éditions Le Nouvel Attila, 2015.

– Georges Courtois et les amis de Karim Khalki, Nom : Khalki, Prénom : Karim, N° d’écrou : 584K, éditions l’Insomniaque, 1999.

En bref

Le RSA en échange de bénévolat : on est pas passé loin !

Pas de chance pour Éric Straumann, député Les Républicains et président du département du Haut-Rhin. Saisie par l’État, la justice a retoqué son projet d’obliger les bénéficiaires du RSA de son département à effectuer des heures de bénévolat en échange de leurs allocations. Lui qui faisait déjà contrôler leurs relevés bancaires, il va donc devoir calmer un peu son ardeur à combattre « l’assistanat ».
Cependant, ne crions pas victoire trop vite car son idée est dans l’air depuis un moment. Le département de la Drôme applique déjà ce type de mesure, mais de manière uniquement incitative pour l’instant. Depuis le printemps 2016 , il mène une campagne d’affichage ayant pour slogan « Le bénévolat pour sortir du RSA » et vantant une « solidarité GAGNANT-GAGNANT » entre les bénévoles et les associations.
Après avoir réduit, voire coupé, les subventions de nombreuses associations, leur rendant impossible toute embauche, les départements veulent désormais leur fournir une main-d’œuvre certes gratuite, mais contrainte. Et pour ceux qui croiraient qu’être au RSA c’est la belle vie, qu’ils aillent faire un tour dans les files d’attente de la CAF pour se faire une idée !

Hautes-Alpes : les anti-THT réprimés

Dans les Hautes-Alpes, la lutte contre la THT (Ligne Très Haute Tension) est active depuis plusieurs années mais s’est radicalisée suite au commencement des travaux. Depuis l’année dernière, RTE (Réseau de Transport d’Électricité) a largement déboisé. Déjà la vallée de Haute-Durance est saignée de tranchées et perforée de pylônes et la répression s’abat actuellement sur les opposants-tes au projet. Ces derniers-ères appelaient à un élargissement de la mobilisation et à une semaine d’action dans les Hautes-Alpes et ailleurs du 10 au 17 octobre 2016. Toutes initiatives contre RTE et ERDF (Société de production et de distribution d’électricité) sont les bienvenues où que vous soyez.
RTE dégage, résistance et sabotage !
Plus d’infos sur : http://notht05.noblogs.org.

Valls décide de construire plus de prisons

Répression, béton, matons, c’est comme cela que nous pourrions résumer la décision de Manuel Valls de faire construire 32 nouvelles maisons d’arrêt et un nouveau centre pénitentiaire. Cela part bien entendu de bonnes intentions puisqu’il s’agit de lutter contre la surpopulation carcérale et d’atteindre l’objectif de 80 % d’encellulement individuel. Et tant pis si depuis plusieurs années on constate que cela favorise les suicides…
Cette décision va par ailleurs générer de juteux appels d’offres qui permettront à nos bétonneurs nationaux (Bouygues, Vinci et autres) de se tailler une part dans le magot de 1, 158 milliard d’euros alloués pour 2017 à la construction des neuf premiers établissements. Mais ne soyez pas bégueule, cela va aussi créer de l’emploi : environ 1255 postes, dont 878 de surveillants.
Bon, si vous n’êtes pas convaincus par ces arguments chocs, nous voilà rassurés. Allez donc lire l’interview de Georges Courtois plus loin dans ces pages !

Pas trop le smile chez Smart

Depuis début octobre les salariés de l’usine de voitures Smart de Hambach en Moselle travaillent 39 heures payées 37. Voici donc la conclusion, provisoire on l’espère, d’un feuilleton commencé il y a déjà quelques temps. En 2015, la direction avait proposé à ses employés via un référendum d’entreprise d’accepter de travailler plus en étant payer moins sous peine de voir l’usine délocalisée en Slovénie… Le « oui » l’avait emporté à 56 % mais avec une grosse différence entre cadres et ouvriers. Les premiers ont acquiescé à 74 % et les seconds à seulement 39 %, ce qui a poussé la CGT et la CFDT, majoritaires à elles deux, à poser leur veto concernant l’application des nouvelles mesures. La direction ne s’est pas laissée décontenancer puisqu’elle a « proposé » individuellement aux salariés de signer un avenant à leur contrat. Elle a visiblement été persuasive puisque 95 % d’entre eux ont obtempéré en ratifiant le « Pacte 2020 ». Cet « accord » garantit que les salariés repasseront à 37 heures payées 37 en 2019 puis aux classiques 35 heures en 2020 et qu’il n’y aura pas de licenciement d’ici là. Comme l’énonce un célèbre dicton : « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». En attendant nous avons là un parfait exemple de ce qui va devenir habituel avec la loi Travail !

Avignon
La maire d’Avignon vous endort pendant qu’elle bétonne

Vendredi 3 juin 2016, Cécile Helle, maire d’Avignon (avec son équipe PS, FdG et écolos), vous offrait une séance de cinéma gratuite au cinéma le Pandora à l’occasion de la Semaine européenne de l’environnement. Le film projeté n’était autre que le long métrage à succès Demain, qui « fait du bien » à la classe moyenne, mais qui est une vitrine publicitaire pour les thèses réactionnaires de Pierre Rabhi. Rappelons que ce documentaire est réalisé par Mélanie Laurent et Cyril Dion, ce dernier étant membre du conseil d’administration du « Mouvement Colibris », association chargée de diffuser la « bonne parole » de Rabhi.
Pendant ce temps-là, la mairie d’Avignon fait tout son possible pour relancer le projet de construction de la Liaison Est-Ouest qui à partir de 2018 devrait ratiboiser des hectares entiers de la Ceinture Verte (les dernières terres agricoles en périphérie de la ville)…

Pas de Révolution au programme

Le 5 octobre, Sophie Wahnich, chercheuse au CNRS spécialiste de la Révolution française, était de passage à Avignon, au local Le Fenouil à vapeur. Notre envoyé spécial y a glissé une oreille…

Si l’affiche de la soirée annonçait « La Révolution française n’est pas terminée… », l’historienne a axé sa présentation sur le « découragement » des révolutionnaires, prétexte pour, en ces temps difficiles, parler de la révolution au présent. Outre une présentation de Saint-Just et Robespierre en quasi-libertaires, notre spécialiste a surtout expliqué que les institutions démocratiques montrent au « peuple » (les catégories les plus pauvres) qu’il est écouté et qu’il n’a plus besoin de se révolter, c’est-à-dire de faire usage de la violence. La nouvelle classe dirigeante s’en accommodait pourtant très bien lorsqu’elle ciblait l’Ancien régime. Mais la force du langage, donc du politique, doit désormais suffire pour « changer » les choses. Le clivage est à bannir : la démocratie, tout comme la nation, permet d’unir artificiellement la population en un mythique « peuple », assurant en fait, depuis 1789 et jusqu’à nos jours, la domination d’une classe sociale, la bourgeoisie.
Pour Mme Wahnich la république est un horizon indépassable dont l’objectif ne peut être que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen… objectif inatteignable tant il serait radical !
Pour une spécialiste de l’imaginaire révolutionnaire on aurait pu espérer mieux qu’une vision sans cesse bornée par le mot république : en finir avec la Vème république, en bâtir une VIème en s’inspirant et en améliorant la IVème… Du haut de sa chaire et de sa classe, Mme Wahnich ne comprend évidemment pas que si une révolution a lieu demain, il ne s’agira pas de réécrire la constitution mais bien plutôt de foutre en l’air ce régime et ceux qui en profitent. Espérons qu’elle soit surprise.

Apéro Spasme n°12 !

Vous l’avez attendu, le voilà, le Spasme n°12 !
Venez donc boire un coup avec nous et découvrir la bête samedi 5 novembre à 18 h. Ça se passe au magasin Produit conforme, 87 rue bonneterie à Avignon.
Au programme : un dossier sur le mouvement contre la loi Travail, un reportage sur un festival de punk-hardcore-vegan-straitght-edge en République Tchèque, un retour sur la petite émeute du festival d’Aurillac, des conseils de films et de lectures, de la BD, des jeux et plus encore !

https://www.facebook.com/events/1055251541238991/

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Le numéro 12 est pour bientôt !

aurillac 2016 carte 4Avec les copains de Spasme nous aurions bien fait la révolution cet été, mais comme visiblement ça n’est toujours pas au programme pour beaucoup de monde, on est finalement parti se balader un peu.

Néanmoins, nous n’avons pas chaumé et on a bien bossé sur le prochain numéro ! Dedans, vous pourrez lire un dossier sur le mouvement contre la loi travail, une interview de Georges Courtois, gangster nantais aux sympathies libertaires qui a passé plus de trente années en prison, un petit compte-rendu du festival d’Aurillac 2016 qui nous a réservé des surprises plus ou moins bonnes et toutes sortes de choses bien trop longues à énumérer.

Nous espérons pouvoir vous donner rendez-vous fin septembre ou début octobre pour la sortie de ce nouveau numéro !

 

En attendant nous avons (enfin) mis en ligne les PDF des numéros 10 et 11 !

Correspondant Local de Presse : zoom sur la tambouille interne de la presse locale

Article paru dans notre numéro 11.

Vous ne le savez peut-être pas, mais le contenu de la presse quotidienne régionale (PQR), assez navrant au demeurant, repose en majorité sur le travail de correspondants sous-payés. Un statut très précaire exercé un temps par l’auteur de ces lignes et sans lequel les colonnes des feuilles de chou locales seraient bien maigres.

In this illustration released by the Herge Moulinsart foundation, cartoon character Tintin grabs his coat to chase after another adventure with his trusted dog Snowy in tow. Belgium increased its daily dose of Tintin to saturation point Friday, Jan.9, 2004, on the eve of the 75th birthday of the character, perhaps the country's most famous icon. (AP Photo/Herge/Moulinsart 2004) ** NO SALES , MANDATORY CREDIT ** BELGIUM TINTIN 75 2004-3109.JPG

Le statut de CLP a été créé en 1987. Officiellement celui qui l’exerce est un travailleur indépendant. Il ne touche donc pas de salaire mais des honoraires et le journal avec lequel il travaille est donc, sur le papier, son client. Un client bien étrange puisque c’est lui qui fixe les tarifs via une grille d’honoraires qui est remise au correspondant lors du début de sa collaboration avec le titre (voir en fin d’article). Entre 5 et 15 euro pour un article, moins de 2 euro pour une photo, autant vous dire que ça ne vole pas haut. À titre d’exemple, un papier de 1500 signes (un peu moins long que le paragraphe que vous lisez en ce moment) sera payé environ 5,50€ à un CLP (contre environ 50 € à un journaliste professionnel). Pour cette somme il faut bien entendu compter le temps nécessaire pour se rendre sur le lieu d’un événement à couvrir, la durée de l’événement en lui-même et enfin le temps de rédaction du papier. On est donc évidemment très en dessous du SMIC. D’après plusieurs témoignages de CLP que l’on trouve sur Internet leur rémunération tourne autour de 3,50€ de l’heure. Sans oublier que le CLP n’est pas payé en fonction de ce que qu’il produit, mais de ce qui est publié. Il arrive donc fréquemment qu’il travaille sans rien gagner. Pour cette raison, de nombreux correspondants tentent donc de compenser en travaillant sans relâche, bien plus que 35 heures par semaine, afin de gagner de quoi survivre. Cependant, même si le CLP se donne à fond, gare à ne pas gagner « trop ». Car si la totalité des revenus obtenus au cours de l’année avec ce statut dépasse 15 % du plafond de la sécurité sociale – 5456€ en 2012, soit environ 450€ par mois – le CLP doit se déclarer à l’URSSAF et payer des charges. A priori rien d’anormal : il travaille en libéral donc il cotise sur ses bénéfices pour la sécurité sociale, le chômage et les retraites. Le souci, c’est que, sauf magouille avec le journal, pour gagner ne serait-ce que ces 450€ par mois, il faut déjà pas mal cravacher.

Si légalement le correspondant local de presse ne devrait être qu’une sorte « d’indic » pour les journalistes, certains remplissent parfois de telles tâches qu’on se rapproche plus du travail dissimulé. Damien* que nous avons rencontré exerce toujours pour la même rédaction depuis plus de 5 ans. Disposant d’un arrangement officieux avec le journal, il gagne autour de 1000€ par mois et travaille environ 40h par semaine. Fréquemment dans les bureaux, il lui arrive d’effectuer des tâches relevant d’un secrétaire de rédaction (mise en forme des articles par exemple). Bien évidemment, pour ne pas perdre d’argent, il ne déclare pas ses revenus à l’URSSAF ce que le groupe de presse fait en revanche de son côté chaque année. Si l’URSSAF vient un jour à épingler Damien, il sera donc le seul à avoir des ennuis et devra régler les sommes impayées. Le journal, lui, aura les mains propres.

Évidemment, nous pouvons nous demander qui est assez maso pour travailler dans de telles conditions. Les profils des CLP restent variés. Cela va des retraités qui arrondissent leurs fins de mois en rendant compte des tournois de pétanque, aux étudiants tentant d’agrémenter leur bourse du CROUS, en passant par tout un éventail de personnes ne trouvant aucune autre activité rémunératrice. Notons également les nombreux témoignages d’anciens étudiants en journalisme auxquels des rédactions ont fait miroiter la possibilité d’un vrai poste après être passés par la case CLP. Grossièrement il y a donc deux catégories de CLP. D’un côté ceux qui font ça pour le plaisir et pour qui le revenu tiré de cette activité est plus une sorte d’argent de poche. Ils tiennent parfois à eux-seuls une rubrique (sport, culture). De l’autre, des précaires qui souvent espèrent tirer leur épingle du jeu en prenant ce boulot comme un tremplin et un moyen de faire du réseau (ce qui fut mon cas[1]).
Les faux espoirs et la satisfaction narcissique de connaître du monde et de voir son nom en bas des articles sont autant d’éléments qui peuvent faire courir longtemps le CLP. Ce jeu entre précarité, « opportunités » hypothétiques et pseudo-mondanités, les groupes de presse locale en tirent une main d’œuvre docile et jetable à tout moment. Les conditions de paiement des articles évoqué plus haut entraînent par ailleurs le CLP à faire preuve de pragmatisme économique en relayant le discours que le journal veut vendre, c’est-à-dire le discours dominant. Il faut être consensuel et à l’affût des faits divers vendeurs. Si le correspondant obéit bien, la régie pub du journal lui proposera peut-être un publireportage[2]. Quelle aubaine !

Néanmoins, il arrive que certains CLP aient parfois une prise de conscience. Je vous rassure, elle les pousse rarement jusqu’à un regard critique des médias en tant que tels. Bien plus terre à terre, cette désillusion arrive souvent lorsqu’au bout de quelques années au régime qui lui est réservé le CLP est rattrapé par l’URSSAF. Il réalise alors que le journal pour lequel il travaillait le laissera dans la merde. On relève aussi quelques très rares cas de procédures engagées par des CLP indignés de s’être fait berner et qui ont abouti à l’obtention pour eux d’un contrat de travail de la part de la rédaction pour laquelle ils exerçaient. L’histoire ne dit pas s’ils se sont mis à écrire des choses plus intéressantes. Enfin, si des collectifs de défense des droits des CLP ont existé, ils n’ont jamais rassemblé grand monde. Pourtant, la proportion de correspondants dans la presse locale est énorme. Dans le petit titre gratuit pour lequel j’ai travaillé il y avait entre dix et quinze CLP pour deux journalistes ! Mais ce statut n’offrant aucune sécurité et agitant la carotte d’une « réussite » individuelle future, il n’est pas étonnant de constater une absence de solidarité.
Au final, entre la rémunération au lance-pierre, l’utilisation massive de collaborateurs « indépendants » et la mise en concurrence des travailleurs entre eux, force est de constater que la presse locale française a presque trente ans d’avance sur l’uberisation de l’économie que l’on nous vante tant aujourd’hui[3]!

M.

Du travailleur indépendant à l’auto-entrepreneuriat

Il semblerait que la nouvelle tendance dans la presse soit de bosser sous le statut d’auto-entrepreneur. Ainsi certains CLP préféreraient se déclarer sous ce statut et de cette manière aller au-devant d’éventuels problèmes avec l’URSSAF. Une pratique qui ne semble pas limitée aux correspondants puisque le Syndicat National des Journalistes invite également les titulaires de carte de presse à refuser cette magouille proposée par certains patrons…

Quelques chiffres

S’il n’est pas évident de connaître exactement le ratio correspondants/journalistes, à titre indicatif, un article du collectifs les Indignés du PAF estime qu’on dénombre entre 25000 et 30000 correspondants pour environ 5000 journalistes dans la presse locale.

*Le prénom a été modifié.
[1] : Même s’il y a eu parfois quelques coups de bourre, les tarifs grotesquement bas ont fait que je ne me suis jamais engagé à fond dans ce travail. En revanche j’avoue avoir espéré trouver de meilleurs plans en rencontrant du monde par ce biais (ce qui n’est évidemment jamais venu).
[2] : un publireportage est un reportage publicitaire commandé par une entreprise à un journal et écrit par un journaliste ou un CLP de la rédaction. Ce procédé, qui doit être identifiable comme tel, a pour but de donner un air journalistique à ce qui n’est en réalité qu’une publicité. Ce travail est mieux payé qu’un article classique.
[3] : Uber est une entreprise qui propose un service de mise en relation entre des chauffeurs de VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur) et des clients via une application pour smartphone. Les chauffeurs ne sont pas salariés mais travaillent à leur compte. Une indépendance illusoire, puisque pour avoir des clients ils ont précisément besoin du réseau d’Uber. Un modèle économique qui permet à l’entreprise de tendre vers le « zéro-employé ». Elle peut ainsi maximiser ses profits tout en évitant les charges et les responsabilités en cas de problème.

DL points n&b

Apéro Spasme ! #11

chouetteSalut à tous,

Spasme ! #11 sort la semaine prochaine, à cette occasion nous organisons un pot de lancement le jeudi 7 avril à 19h au magasin Produit Conforme, au 87 rue Bonneterie à Avignon.

+ stand de sérigraphie à prix libre, amène les fringues que tu veux décorer !

Venez, on vous a à l’oeil ! 😉

lancement

La peste et le choléra

pourris

Un directeur de campagne Made in AREVA

Philippe Brunet-Debaines – directeur de campagne de la liste Estrosi dans le 84 emmenée par le député Julien Aubert – occupe actuellement une place de choix auprès de ce député spécialisé dans la « transition énergétique ». Nommé au « Conseil national de la transition écologique » par le président de l’Assemblée nationale, Julien Aubert éprouve visiblement un intérêt manifeste pour la cause environnementale…
Seulement là où le bât blesse, et sans même chercher à remettre en cause son intérêt pour les problématiques énergétiques, force est de constater que l’identité de son directeur de campagne pour les Régionales, dévoilée dans un post discret aux militants des Républicains (1) sur un réseau social, a de quoi laisser dubitatif quand on mène sa propre petite enquête. Dans la (vraie) vie, Philippe Brunet-Debaines est responsable des relations institutionnelles et du développement économique d’AREVA à la direction du Tricastin… Un conflit d’intérêt dénoncé déjà par les anti-nucléaires alors que Philippe Brunet-Debaines était conseiller municipal UMP d’Avignon, à la tête de la commission des affaires économiques sous la dernière mandature de Marie-Josée Roig… Il n’est d’ailleurs sans doute pas pour rien dans la convention de mécénat signée entre AREVA et la Ville d’Avignon qui a fait couler beaucoup d’encre peu après l’arrivée de Cécile Helle à la mairie…

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Post venant du compte Facebook de la campagne de Christian Estrosi aux régionales de PACA en 2015. (Cliquez pour agrandir)

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Capture du profil Viadeo de Philippe Brunet-Debaines.

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Au milieu Julien Aubert et à côté de lui, en doudoune orange, Philippe Brunet-Debaines lors d’une ascension du Mont Ventoux organisé par le Rassemblement Bleu Lavande.

Voilà donc notre Philippe dans sa plus belle fonction de lobbyiste professionnel, qui s’affiche (discrètement il faut le reconnaître, c’est tout à son honneur, mais probablement pas dans l’intérêt du nôtre…) de nouveau dans une connivence industrielle et politique des plus douteuses avec ce candidat à la Région, qui une fois élu – on peut lui faire confiance pour ça – ne manquera pas de manifester son intérêt pour la gestion des affaires énergétiques régionales… Chers citoyens « de gauche », vous pouvez donc voter tranquille dimanche et suivre les gentilles consignes du PS pour faire barrage au FN, il n’y aura plus un élu de gauche ou écolo pour surveiller tout ça, mais les caméras de surveillance promises par Estrosi seront là pour assurer la sécurité au cas où un hypothétique kamikaze zadiste ou anti-nucléaire ne veuille se faire sauter en pleine plénière dans l’assemblée…

Barbie patrichiotte aurait-elle trouvée son Ken ?

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Logo du Rassemblement Bleu Lavande.

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Petits sachets parfumés vendus en soutien au Rassemblement Bleu Lavande.

Le parfum commun de Marion & Julien se nomme lavandin… Mais revenons à Julien, qui n’a décidément pas grand chose à envier à sa rivale Marion, si ce n’est le score de malade du FN dans le Vaucluse, plus de 44% au 1er tour des Régionales (et oui ça fait mal de se le répéter…). Contre le mariage pour tous et bien d’autres positions symptomatiques et rétrogrades jusque dans les moindres détails, telle son opposition de principe à la féminisation des titres de la fonction publique, un article (2) vous dévoilera les coups d’éclats de Julien Aubert, qui ressemble plus à un Mickey de foire de Gaulle positionné à « 3 centimètres du FN » plutôt que l’homme de la situation pour faire barrage à sa rivale frontiste si justement décriée. Il est utile de rappeler ici qu’entre les deux tours des élections législatives de 2012, Julien Aubert, alors candidat UMP, avait négocié le retrait de sa concurrente FN, arrivée 3e, contre une promesse d’aide pour les investitures futures, s’engageant même « à lui trouver un poste ». Ce désistement lui avait permis d’être élu de justesse député… comme l’a révélé le Canard enchaîné en juin 2015, information reprise dans La Provence(3).

Mais attardons-nous quelques instants sur ce Rassemblement Bleu Lavande créé par Julien Aubert en 2012, pied de nez provençal au Rassemblement Bleu Marine lancé par Marine Le Pen. Sous cette bannière, il entend « promouvoir les valeurs et idéaux du gaullisme »… et n’hésite-pas à s’accaparer la croix de Lorraine, symbole de la France libre… Une véritable provocation en écho au symbole de « résistant » que tente d’incarner son mentor ESTRO-BLING-BLING entre les 2 tours, quand on mesure la minceur du papier de chiotte qui les séparent des idées frontistes… On peut voir notamment le groupuscule associatif Bleu Lavande de Julien orchestrer des événements d’une singulière connivence religieuse, comme cette messe chantée en l’honneur du Général de Gaulle(4)… pendant que d’autres célèbrent leur icône Jeanne d’Arc – cherchez donc la nuance de la lavande – ou encore la charte arborée fièrement sur leur site, une ligne de conduite rigide et patriotique qui se conclue sur « la fierté de leur identité française et provençale »… A force de vouloir surfer sur les plates-bandes de lavandin bien propres (parce qu’il faut appeler un chat un chat et que Marion comme Julien sont bien loin d’être en mesure de faire la différence entre de la lavande fine et du lavandin…), il faut croire que Marion a senti le vent tourner… et a voulu le prendre de vitesse pour son affiche de campagne en posant fièrement telle Miss Région devant un champ de… lavandin. Mais peut-être est-ce plutôt une pub pour le dernier Airwick WC ? Ce qui est sûr, c’est qu’à travers la passion commune de Marion Maréchal et Julien Aubert pour la fragrance lavandin (de synthèse), je peine à saisir les nuances dans la puanteur de leur discours aux effluves rétrogrades. Barbie patrichiotte aurait-elle enfin trouvée son Ken ?

Post_messe

Post du compte Facebook de Julien Aubert à propos d’une messe organisée en hommage au Général de Gaulle en novembre dernier. (Cliquez pour agrandir)

Alors décidément, entre le bleu marine et le bleu lavande… pour quelle nuance de papier cul voterez-vous dimanche ? Il est prouvé que le papier blanc et sans parfum de synthèse est non seulement bien moins cher à l’achat… mais il ne donne pas de boutons aux fesses !
Quoiqu’il advienne, une révolte populaire et une vigilance (sans caméras !) devra se mener de front pour s’élever face aux mesures liberticides et aux 6 années noires qui s’annoncent à la Région… Au final, n’est-ce pas dans l’adversité que nous pouvons espérer trouver enfin suffisamment de ressource et l’énergie pour construire ce réveil tant attendu dans les réseaux alternatifs, et cet élan collectif si difficile à mobiliser en PACA ? Puisqu’il semble d’abord falloir atteindre le fond et sacrifier 6 ans pour cela, allons-y la mort dans l’âme… Laissons Marion Maréchal démontrer la nullité de son programme à tout ceux qui sont tombés sous le charme de Miss région affichant un visage adouci de parti presque respectable, faisons enfin taire les imbéciles qui braillent « au moins eux on ne les a pas encore essayé », clamons haut et fort au PS que leur chantage au vote républicain est inadmissible… et face au Front National, incarnons LE véritable Front démocratique au sein de la société civile.

K.

  1. https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=796266113815942&id=750143325094888
  2. http://www.francetvinfo.fr/politique/ump/lavande-gaullisme-et-provocations-julien-aubert-le-troll-de-l-assemblee_714217.html
  3. http://www.laprovence.com/article/actualites/3476156/aubert-doit-sexpliquer-sur-son-accord-avec-le-fn.html
  4. https://www.facebook.com/julienaubertvaucluse/posts/872845642843480

Note : le lecteur remarquera le subtil appel au vote blanc. Au sein de la rédaction de Spasme les avis sur cette question ne sont pas identiques, certains parmi nous sont également abstentionnistes convaincus !

Donnez-nous…

Donnez-nous les chocottes !
Donnez-nous bien la trouille !
Donnez-nous une peur bleue !
Donnez-nous une peur bleue-blanc-rouge !
Donnez-nous plus de surveillance !
Donnez-nous plus de vidéo-surveillance !
Donnez-nous plus de cyber-surveillance !
Donnez-nous des CRS à embrasser sur la bouche !
Donnez-nous du gaz lacrimo !
Donnez-nous de l’info en continu !
Donnez-nous du sensationnel, du Poujadas !
Donnez-nous de la tfinformation !
Donnez-nous des médias bétons et armés !
Donnez-nous des écrans plats grand format !
Donnez-nous des murs infranchissables !
Donnez-nous du Frontex, du Baygon, du Round up !
Donnez-nous des frontières inviolables !
Donnez-nous du fier d’être francé !
Donnez-nous du skinhead angora !
Donnez-nous d’la Marion, d’la Marine !
Donnez-nous du facho à particule !
Donnez-nous du jambon !
Donnez-nous des hormones !
Donnez-nous de la testostérone !
Donnez-nous des mecs qui en ont !
Donnez-nous du Général Aussaresses ou Bigeard !
Donnez-nous des cocoricolonies !
Donnez-nous la peau de Larbi Ben M’hidi !
Donnez-nous les moyens de les faire parler !
Donnez-nous du bombardement, d’la vengeance !
Donnez-nous en pour notre argent !
Donnez-nous du sang impur pour abreuver nos sillons !
Donnez-nous d’la matraque !
Donnez-nous du tonfa !
Donnez-nous la peau de Rémi Fraisse !
Donnez-nous l’uranium du Niger !
Donnez-nous d’la Françafrique !
Donnez-nous des coups d’trique !
Donnez-nous la peau de Thomas Sankara !
Donnez-nous du nucléaire vert !
Donnez-nous du Rainbow Warrior, de l’agneau néo-zélandais !
Donnez-nous des blancs, des whites, des blancos !
Donnez-nous du Rrom à expulser !
Donnez-nous la soupe identitaire !
Donnez-nous notre pain de ce jour !
Donnez-nous des soldes privées !
Donnez-nous de la poudre aux yeux !
Donnez-nous la peau des indiens Natchez !
Donnez-nous des abonnements à Charlie et des joujoux par milliers !
Donnez-nous des coups, Johnny Johnny ! Faites-nous mal !
Donnez-nous d’la France rance !
Donnez-nous d’la manif pour tous !
Donnez-nous une KKKulture comme il faut !
Donnez-nous du cocoricogito ergo sum !
Donnez-nous de la sécurité !
Donnez-nous du barbelé, d’la clôture !
Donnez-nous du voisin vigilant !
Donnez-nous des clients pour nos armes !
Donnez-nous un hymne guerrier !
Donnez-nous la guerre, yeaaah !
Donnez-nous des larmes !
Donnez-nous des armes !
Donnez-nous de quoi croire !
De quoi croôoôaaaaaare, de quoi pleurer,
et bien évidemment de quoi braire bleu-blanc-rouge !

V!